Chili : Michelle Bachelet et Evelyn Matthei, rivales mais amies d’enfance

Les deux favorites de l’élection présidentielle chilienne du 17 novembre, Michelle Bachelet et Evelyn Matthei, sont filles de généraux et amies d’enfance. Mais en 1973, lors du coup d’État de Pinochet, elles étaient déjà dans des camps opposés…

Michelle Bachelet (à dr.) devance dans les sondages Evelyn Matthei, l’unique candidate de droite. © Mario Ruiz/EFE/Sipa et Luis Hidalgo/AP/Sipa

Michelle Bachelet (à dr.) devance dans les sondages Evelyn Matthei, l’unique candidate de droite. © Mario Ruiz/EFE/Sipa et Luis Hidalgo/AP/Sipa

Publié le 6 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

En mars 2006, Michelle Bachelet (62 ans) a été la première femme à devenir présidente d’un pays sud-américain. Sept ans plus tard, elles sont deux femmes, sur neuf candidats, à briguer la magistrature suprême au Chili. Evelyn Matthei, 59 ans, ex-ministre du Travail et de la Sécurité sociale de Sebastián Piñera, est la seule candidate de droite. Tous les sondages la placent en deuxième position derrière sa rivale socialiste. Revenue de New York, où elle était directrice exécutive de l’ONU Femmes depuis septembre 2010, Bachelet est en effet la grande favorite du scrutin du 17 novembre, auquel elle participera sous les couleurs de la coalition d’opposition Nueva Mayoría. Elle recueille dans les sondages 37,7 % des intentions de vote, contre 12,3 % pour Matthei et 10,6 % pour Franco Parisi, un économiste indépendant libéral. Un second tour est donc probable.

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Si les deux femmes sont aujourd’hui rivales, tel n’a pas toujours été le cas, puisqu’elles sont… amies d’enfance. Dans les années 1950, filles de généraux de l’armée de l’air, elles habitaient l’une et l’autre sur la base de Cerro Moreno, à Antofagasta, dans le nord du pays, où leurs pères respectifs étaient en poste. Les deux officiers étaient amis et leurs familles très liées. Jusqu’au coup d’État d’Augusto Pinochet, le 11 septembre 1973. Fidèle au président Salvador Allende, Alberto Bachelet est arrêté et torturé. Fernando Matthei intègre la junte militaire, puis devient responsable de la prison où est incarcéré son ami. Un an plus tard, Alberto meurt en détention. Sa femme et sa fille prennent le chemin de l’exil. Celui-ci durera cinq ans.

Un combat uniquement politique

Cette mort tragique a évidemment compté dans la décision de Michelle (qui est médecin de formation) d’entrer en politique. Mais aujourd’hui, Evelyn et elle se gardent bien d’évoquer le passé pour tenter de se déstabiliser. Les vieilles blessures semblent refermées. En 1979, Fernando Matthei avait d’ailleurs favorisé, contre l’avis de ses amis de la junte, le retour au Chili de Michelle et d’Angela Jeria, sa mère. Et s’était porté garant de leur sécurité. Convaincue qu’elle était qu’il n’était pas responsable de la mort de son mari, Angela l’a pour sa part toujours défendu.

Bref, le combat entre les deux femmes sera politique, uniquement politique. Économiste de formation, députée puis sénatrice (1998-2011), Evelyn Matthei avait dû, en 1993, mettre sa carrière politique entre parenthèses à la suite du Piñeragate, un scandale d’écoutes téléphoniques dans lequel elle se trouvait impliquée avec Sebastián Piñera, l’actuel président. Candidate de l’Alianza oficialista, qui regroupe l’ensemble des partis de droite, elle mise sur la continuité et refuse tout changement de la politique économique, qui risquerait selon elle de nuire à la prospérité du pays.

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À l’inverse, Bachelet souhaite rompre avec le système libéral hérité de la dictature, qui est à l’origine de fortes inégalités sociales. La mesure phare de son programme est d’ailleurs la mise en place d’une grande réforme de l’éducation, censée en améliorer la qualité et en instaurer la gratuité. Elle souhaite également la création de ministères de la Femme et des Affaires indigènes. Ses détracteurs l’accusent de vouloir séduire un groupe d’électeurs précis, mais Bachelet n’en a cure. Elle sait que les grandes manifestations étudiantes des dernières années ont beaucoup affaibli la droite, et que le bilan de son précédent mandat est son meilleur atout face à Matthei. En 2010, elle avait quitté le palais de la Monnaie avec 70 % d’opinions favorables.

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