Aérien : reprise, taxes, neutralité carbone… Les défis de 2022
Réunis à Doha au Qatar lors des assemblées annuelles de l’Iata, les transporteurs aériens ont passé en revue les enjeux auxquels le secteur doit faire face dans un contexte de crise mondiale… Jeune Afrique a relevé les points saillants de ces échanges.
• Une reprise meilleure qu’anticipé
L’aviation va mieux. Ou du moins, moins mal qu’anticipé. Car si le secteur est toujours en situation de pertes – à l’exception de l’Amérique du Nord qui a déjà renoué avec les profits – celles-ci doivent atteindre 9,7 milliards de dollars en 2022, contre 11,6 milliards selon les prévisions réalisées en octobre 2021. Il s’agit d’ »un résultat phénoménal même s’il est encore dans le rouge, compte tenu des défis », a déclaré Marie Owens Thomsen, économiste en chef de l’Association internationale des transporteurs aériens (Iata) qui a tenu ses assemblées annuelle du 19 au 21 juin à Doha, au Qatar.
En Afrique, un taux de vaccination moins élevé qu’ailleurs a freiné la reprise du transport aérien, mais la Iata compte sur un rattrapage « probable » cette année, conduisant à des pertes nettes de 0,7 milliard de dollars en 2022. La demande devrait atteindre 72 % de son niveau d’avant la crise (2019), et sa capacité 75,2 %.
• Des compagnies africaines résilientes, dans des contextes fragiles
Si l’industrie relève qu’en Afrique, les marges d’exploitation des compagnies aériennes n’ont enregistré qu’un repli de 13 % en 2021, un résultat qu’elle juge « résilient », elle s’inquiète en revanche des difficultés économiques qui attendent à court terme les pays à faible revenu du continent, et qui pourraient freiner la reprise du transport aérien.
L’un des facteurs qui a permis à l’aviation africaine de tenir est la progression de la demande cargo pour laquelle l’élan n’est pas retombé sur le continent, contrairement à la tendance globale.
• Vers la neutralité carbone
Selon Willie Walsh, le directeur général de la Iata, le secteur atteindra l’objectif de nullité carbone qu’il s’est fixé pour l’horizon 2050 à 65 % par l’utilisation de carburant durable, à 19 % par des compensations et, à terme, par la capture du carbone, à 13 % par les techniques de propulsion à l’hydrogène et à l’électricité que les constructeurs se sont engagés à fournir d’ici à 2035 et à 3 % en renforçant l’efficacité de leurs opérations.
Si le directeur général de l’institution souligne que « les compagnies aériennes ont utilisé chaque goutte de carburant durable disponible en 2021, quel qu’en soit le prix de vente » et ont stimulé ainsi sa production, il s’est en revanche inscrit contre la politique européenne de taxe environnementale. « Les taxes n’arrêtent pas les vols, elles ne font que les rendre hors de portée de certaines personnes et rendent l’aviation moins efficace », juge-t-il.
• La profession vent debout contre les taxes aéroportuaires
Dans la même veine, Willie Walsh a ardemment protesté contre les pratiques de certains aéroports consistant à augmenter les redevances qu’ils imposent afin de compenser le manque à gagner des années de crise. Ces augmentations de tarifs, permises par les situations de monopole des concessionnaires, « car dans le secteur concurrentiel, cela reviendrait à dire “cher client, nous vous faisons payer votre café deux fois plus cher aujourd’hui parce que vous n’avez pas pu en acheter un hier.” Qui accepterait cela ? »
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