Chine : l’Amérique à hue et à dia

La crise budgétaire aux États-Unis a exaspéré les dirigeants chinois. Et suscité de vives inquiétudes partout ailleurs dans la région.

Fast food à Pékin. Et si le géant américain se désengageait ? © PETER PARKS / AFP

Fast food à Pékin. Et si le géant américain se désengageait ? © PETER PARKS / AFP

Publié le 5 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Depuis que le Congrès américain a mis fin au shutdown qui a longuement paralysé l’État fédéral, les blogueurs chinois sont un peu désoeuvrés. Car pendant plusieurs semaines, ils s’en sont donné à coeur joie sur Weibo, le Twitter local. Une véritable marée de messages fortement teintés de nationalisme. Et un leitmotiv : il faut "désaméricaniser" la planète. Inutile de dire que, pour une fois, ils n’ont pas été inquiétés par la censure…

C’est un édito de l’agence officielle Xinhua qui, le 13 octobre, a tout déclenché : "Alors que les responsables politiques américains sont incapables de trouver un accord viable pour faire fonctionner normalement les institutions politiques dont ils sont si fiers, le moment est sans doute venu pour notre planète désorientée d’envisager la construction d’un monde désaméricanisé." Plus loin, le ton de l’éditorialiste se fait plus virulent encore, ce qui traduit sans doute l’énervement des dirigeants chinois face à l’impasse budgétaire américaine : "Il n’est plus possible que le sort de nombre de pays se trouve ainsi entre les mains d’une nation hypocrite. Un nouvel ordre mondial doit être mis en place, dans lequel toutes les nations verront leurs intérêts respectés et protégés."

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Il faut dire que la paralysie de Washington avait de quoi inquiéter Pékin : la Chine est le principal détenteur de bons du Trésor américains : 1 280 milliards de dollars (940 milliards d’euros), selon les derniers chiffres du gouvernement américain.

Annulation de la participation de Barack Obama au sommet de l’Apec

Mais bien plus que la Chine, ce sont sans doute les autres pays asiatiques que la crise américaine a le plus alarmés. Pour des raisons diamétralement opposées. Eux ne rêvent pas de désaméricaniser le monde, ils redoutent qu’un effacement américain ne crée un déséquilibre régional dont profiterait Pékin. L’annulation à la dernière minute, pour cause de shutdown, de la participation de Barack Obama au sommet de l’Apec (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique), à Bali, début octobre, a fait de ce point de vue le plus mauvais effet. Les États-Unis ont-ils toujours le dessein de faire de l’Asie le pivot de leur politique extérieure ? Telle est la question que se posent, non sans angoisse, les pays asiatiques. Car si, sur le plan économique, ils comptent sur la Chine, d’un point de vue sécuritaire et diplomatique c’est vers Washington qu’ils regardent. Ils savent qu’une perte de puissance américaine les livrerait pieds et poings liés à la Chine. 

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