Abel Somé (SCADD) : « Au Burkina, l’accent n’est pas assez mis sur l’industrialisation »

Dans un entretien accordé à « Jeune Afrique », Abel Somé, secrétaire exécutif du Secrétariat technique national de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) dresse un premier bilan de la nouvelle politique de développement du Burkina Faso et évoque les enjeux de la révision prévue pour 2015.

Abel Somé est le directeur exécutif du secrétariat technique de la SCADD. DR

Abel Somé est le directeur exécutif du secrétariat technique de la SCADD. DR

Publié le 6 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 07/01/2013, à 18 h 30 (CET) suite aux précisions apportées par l’interviewé.

Adopté en Conseil des ministres en décembre 2010, la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) donne une orientation stratégique à la politique de développement burkinabè dans le cadre du projet à long terme « Burkina 2025 ». Une première révision de ses objectifs est prévue en 2015.

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Augmentation du financement de l’État, priorité sur le secteur secondaire… Abel Somé, secrétaire exécutif du Secrétariat technique national de la SCADD a évoqué pour Jeune Afrique les différents points qui devraient être retravaillés de manière à optimiser cette stratégie qui connaît, pour l’instant, des difficultés dans sa réalisation.

Jeune Afrique : À un an de sa révision, peut-on déjà ébaucher un premier bilan de la SCADD ?

Abel Somé : La SCADD a pour objectif principal de réaliser un taux de croissance réel du PIB égal à 10 %. En 2011, nous étions à 5 %, en 2012 à 9 %. Par ailleurs, nous suivons aussi un programme de réalisation des Objectifs du millénaires de développement (OMD) qui concerne principalement les secteurs de l’éducation et de la santé. Pour l’instant, nous sommes autour de 60 % de réalisation sur ce qui est programmé pour la période 2011-2015.

Chaque année, nous faisons un bilan de ce qui a été fait sur la base de 30 mesures prioritaires. Les résultats de 2013 seront établis en juin 2014 mais je peux d’ores et déjà vous dire que 7 mesures sur 30 avaient été réalisées fin septembre.

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Une évaluation indépendante de la SCADD est prévue à partir de janvier 2014

Deux de ces mesures – l’une concernant la mise en place des cartes scolaires régionales du primaire et du secondaire, et l’autre la stratégie d’intrants et d’équipement sur le secteur agricole – sont impossibles à réaliser. Pour les 21 mesures restantes, nous avons bon espoir d’en avoir concrétisé au moins 15 à la fin de l’année 2013.

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Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?

Globalement, les difficultés se situent au niveau de l’administration : lourdeur dans les procédures de passation de marché, capacités insuffisantes en termes de ressources humaines, matérielles et financières. Le gouvernement a pris des décisions pour aplanir ces difficultés d’ici à 2014. Il s’agit notamment d’une allocation budgétaire de l’État destinée à limiter les recherches de financement extérieur.

Macroeconomie BurkinaFaso cAEO4px; border: 0px solid #000000; float: left;" />Pourquoi une révision de la SCADD en 2015. Sait-on déjà ce qui va changer ?

Dans le cadre de sa stratégie par cycles quinquennaux, le gouvernement va redéfinir les objectifs pour les 5 ans qui vont suivre après avoir fait un bilan du premier cycle 2011-2015. Pour appuyer cette révision, nous allons faire une évaluation indépendante à partir de janvier 2014. Je ne peux donc rien vous dire sur ce qui va changer tant que cette évaluation ne sera pas faite.

Selon votre expertise personnelle, quels sont les points qu’il faudrait améliorer ?

Aujourd’hui, le gouvernement a décidé que le moteur du développement doit être agricole. Pour moi, on devrait glisser plus explicitement vers l’industrialisation qui devrait être l’axe fort de la politique de développement du pays. L’accent n’est pas assez mis sur le secteur secondaire, c’est pourtant celui dans lequel on peut créer le plus d’emplois.

Va t-il y avoir des modifications sur le plan des financements ?

Je pense qu’on va opter pour une mobilisation beaucoup plus importante des fonds internes. Aujourd’hui 63,3 % des fonds proviennent du budget de l’État. On va peut-être passer à 70 %, ce qui demandera beaucoup plus d’efforts de la part de l’État. Pour le reste, on garde les mêmes bailleurs de fonds : Banque Mondiale, Union Européenne, sans oublier les conventions bilatérales avec la France, le Danemark etc.

La SCADD a été mise en place sous la présidence de Blaise Compaoré. Que se passera t-il s’il n’est pas réélu ?

C’est une bonne question. La Scadd est l’outil opérationnel qui permet de valider les options que le président Blaise Compaoré a proposé dans le programme sur lequel il s’est fait élire.

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En cas d’alternance en 2015, le nouveau gouvernement peut décider de simplement s’aligner sur le programme du président élu qui sera alors le seul référentiel.

Cela dit, je pense que quelque soit le gouvernement, ses objectifs ne pourront pas beaucoup différer de ce qui est prévu dans le cadre de la SCADD. Tahirou Barry, Président du Parti de Renaissance Nationale [parti d’opposition fondé par Laurent Bado, NDLR] a reconnu, lors d’une émission télévisée à laquelle je participais, qu’il avait l’impression que c’était « son programme ».

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