À qui profite le « miracle ghanéen » ?
À Accra, la capitale du Ghana, les signes du « miracle » économique sont partout. Mais tout le monde n’en profite pas, loin de là…
Dans les environs de l’aéroport de Kotoka, à Accra, les signes de la forte croissance économique enregistrée ces dernières années par le Ghana (8,5 % par an en moyenne depuis six ans) sont bien visibles : des immeubles résidentiels et des restaurants sortent de terre, des 4×4 et autres voitures de luxe sillonnent les routes étroites. Et le dollar américain s’échange à tout-va. Entre 2009 et 2012, le pays a accueilli en moyenne 2,3 milliards d’euros d’investissements directs étrangers par an. Et en 2010, il est sorti de la catégorie des pays les moins avancés pour rejoindre celle des pays à revenu intermédiaire, d’après les données de la Banque mondiale.
Seuls quelques chanceux obtiennent de légères augmentation de salaires
En cette fin d’année, dans les magasins du plus grand centre commercial de la ville, Accra Mall, la fièvre de la consommation monte. Catherine Adu-Boadi, une haute fonctionnaire venue faire ses courses, concède : « C’est vrai, il y a une réelle croissance de l’économie. » Avant de s’interroger : « Mais la sentons-nous vraiment dans nos poches ? » Montrant son panier rempli de céréales pour le petit déjeuner, elle assure que les prix ont presque doublé et que le plateau d’oeufs est passé de 7 à 12 cedis (de 2,10 à 3,60 euros environ) au cours de l’année écoulée.
Pendant ce temps, « seuls quelques chanceux obtiennent de légères augmentations de salaires », déplore-t-elle. La pression exercée par la hausse des prix sur la bourse des gens les oblige désormais à trouver des compléments de revenus. « On ne peut plus se contenter d’un seul travail », conclut Catherine Adu-Boadi.
Optimisme
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À quinze minutes en voiture du centre commercial, dans le quartier animé de Lapaz, l’optimisme des dernières années agace encore plus. Charles Manu, 35 ans, marchand de chaussures de seconde main : « Ils disent que l’économie du Ghana est en plein essor, mais moi je vends à peine plus de nos jours. Bien au contraire, les gens n’achètent plus comme ils le faisaient. Et le peu d’argent que je gagne est consacré au paiement des services publics. »
Margaret Nartey, 28 ans, vendeuse de cartes de recharge de téléphones mobiles, vit avec son fils et son père malade. Elle partage le point de vue de Manu. D’après elle, le développement rapide de la zone résidentielle autour de l’aéroport est la preuve qu’il y a de l’argent dans le système… sauf que celui-ci reste entre les mains du gouvernement et des grandes entreprises.
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