Ousmane Diagana (Banque mondiale) : « Nous ne décourageons pas toutes les subventions »
Pour Jeune Afrique/The Africa Report, le vice-président Afrique de l’Ouest et Afrique centrale de l’institution de Bretton Woods a tenté d’expliciter son positionnement et ses priorités sur le continent, à rebours de la réputation de rigidité et d’orthodoxie économique retenue par ses critiques. Entretien.
De passage à Paris avant de se rendre en Allemagne pour des discussions de l’Alliance Sahel, qui rassemble plus d’une quinzaine d’institutions bilatérales et multilatérales de développement, Ousmane Diagana a reçu Jeune Afrique/The Africa Report dans les locaux de la Banque mondiale dans la capitale française. Disert, très au fait de ses dossiers, le dirigeant d’origine mauritanienne est depuis juillet 2020 en charge des activités de la Banque mondiale dans 22 pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, supervisant un portefeuille de projets d’une valeur supérieure à 38 milliards de dollars.
Le vétéran de l’institution multilatérale, qu’il a rejoint il y a trente ans, est revenu en détail sur les opérations de la banque dans le Sahel, sa politique en termes de subventions, les réponses aux défis agricoles du continent mais aussi sur les questions d’éducation, de promotion des champions nationaux et sur les relations délicates avec un géant de la sous-région. À deux semaines du lancement officiel, à Dakar, du nouveau cycle de financement de l’Association internationale de développement, qui obtenu 93 milliards de dollars d’engagements des pays donateurs pour la période 2022-2025, le vice-président a également évoqué les secteurs d’investissements prioritaires de la Banque mondiale sur le continent.
Jeune Afrique : Comment l’Alliance Sahel peut-elle continuer à fonctionner alors que le Mali et le Burkina Faso ont connu des coups d’États et que le Tchad vit une transition politico-militaire assez particulière ? De quels interlocuteurs disposez-vous ?
Ousmane Diagana : Chaque fois qu’il y a une rupture constitutionnelle, nous faisons une pause dans nos interventions dans le pays concerné, et faisons une évaluation sur le plan institutionnel des risques fiduciaires et de la capacité des acteurs en place à pouvoir gérer de manière efficace les programmes. C’est au terme de cette évaluation que l’on détermine si l’on doit reprendre ou non nos programmes. Et si oui, comment.
Nous avons repris nos interventions au Burkina Faso et en Guinée. Dans le cas du Mali, à la suite des sanctions financières de la Cedeao, le pays n’a pas pu honorer ses obligations financières vis-à-vis de notre institution. Cela nous a amené à arrêter nos décaissements. Si aujourd’hui le Mali rembourse les échéances qui n’ont pas été réglées à la banque ces derniers mois, les décaissements pourront reprendre.
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