Pénuries de carburants : sans raffineries, pas d’indépendance énergétique africaine

Sous-utilisation des capacités de raffinage, complexité technique, entretien trop coûteux… Le continent ne parvient pas à raffiner le pétrole qu’il produit. Explications en infographie.

Raffinerie Sonara à Limbé au Cameroun © Photomontage JA / Sonara

MARIE-TOULEMONDE_2024

Publié le 23 juin 2022 Lecture : 2 minutes.

Longues files d’attentes devant les stations-service, avions cloués au sol à cause du manque de kérosène, coupures d’électricité en ville : depuis le début de l’année 2022, ces scènes font partie du quotidien de millions d’Africains, qu’ils habitent Dakar, Douala ou Nairobi. Le continent importe près de la moitié des carburants qu’il consomme et, par conséquent, subit de plein-fouet la flambée et la volatilité des cours et les difficultés d’approvisionnement engendrées par la guerre en Ukraine. Le 7 mars dernier, le prix du baril de pétrole brut a frôlé les 140 dollars… Soit quasiment le record de 147,50 dollars atteint en 2008.

Une situation de crise conjoncturelle qui, au-delà des seules fluctuations récentes des cours sur les marchés internationaux des hydrocarbures, jette une lumière crue sur un problème bien plus profond et structurel : l’Afrique raffine bien trop peu le pétrole qu’elle produit. Le continent a beau extraire près de 7 milliards de barils d’or noir par jour, il ne dispose pas des infrastructures suffisantes, et aux normes, pour le transformer en carburant. En 2020, les raffineries d’Afrique subsaharienne n’auraient ainsi été utilisées qu’à 30 % de leur capacité, selon le cabinet de conseil CITAC.

Valeur ajoutée

Le Nigeria, qui est pourtant le premier producteur de brut du continent, est l’un des exemples les plus frappants. Les barils extraits dans le delta du Niger sont presque systématiquement expédiés aux États-Unis, en Europe ou en Inde, la majorité des raffineries du pays étant à l’arrêt. Quant au carburant qui coule des pompes à Abuja, il provient à plus de 80 % des importations en provenance des Pays Bas ou de la Belgique.

Les raffineries, ces usines où le pétrole est stocké, distillé avant d’être commercialisé, sont éminemment stratégiques, tant en terme de souveraineté énergétique que de capacité de production à plus forte valeur ajoutée. Mais elles sont techniquement très complexes, coûteuses et dangereuses. Ainsi, au Ghana comme au Cameroun, les raffineries sont à l’arrêt à la suite d’explosions accidentelles. En Afrique du Sud ou au Nigeria, de lourds travaux de mise aux normes des raffineries sont en cours. L’horizon n’est cependant pas complètement bouché. De nombreux projets naissent aux quatre coins du continent, à l’instar de la mega-raffinerie d’Aliko Dangote située dans la zone franche de Lagos.

Quel est le niveau de dépendance de l’Afrique aux importations de carburant ? Où se trouvent les trop rares raffineries du continent ? Lesquelles sont réellement opérationnelles ? Où se trouvent les principaux projets ? Quand seront-ils mis en fonction ? Toutes les réponses en infographies.

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