Sofiprotéol veut doper les filières agricoles en Afrique

Spécialisé dans la valorisation des oléagineux, le groupe français Sofiprotéol souhaite développer les productions des pays maghrébins et ouest-africains. Objectif : réduire leur dépendance aux importations.

Le 3 décembre, à Paris, la société a fêté ses 30 ans en présence du chef de l’Etat, François Hollande (ici au côté de Xavier Beulin, président de Sofiprotéol). © LCHAM/SIPA.

Le 3 décembre, à Paris, la société a fêté ses 30 ans en présence du chef de l’Etat, François Hollande (ici au côté de Xavier Beulin, président de Sofiprotéol). © LCHAM/SIPA.

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Publié le 14 janvier 2014 Lecture : 4 minutes.

Le 3 décembre dernier, à Paris, dans le prestigieux écrin du Musée du quai Branly et en présence du président François Hollande, Sofiprotéol avait décidé d’honorer, pour son 30e anniversaire, le Maroc, devenu le symbole de son implantation et de sa stratégie en Afrique. Depuis le rachat de 41 % du capital de l’huilier Lesieur-Cristal en février 2012, le groupe français est devenu le numéro un local, avec 60 % de part de marché.

Sur l’écran de son téléphone, Michel Boucly, le directeur général adjoint, affiche des photos des champs d’oliviers qu’il vient de visiter près de Marrakech, rappelant qu’une marque d’huile d’olive est en cours de lancement dans le pays. Mais plus que le produit, c’est l’arbre qu’il veut montrer. Car avant de s’installer dans les beaux quartiers de Paris, Sofiprotéol est, d’une certaine manière, né dans les champs : en 1983, ce sont les agriculteurs, producteurs de colza et de tournesol, qui lui ont donné naissance pour réduire l’immense dépendance de la France au soja américain.

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Expansion

C’est dans le même esprit que le groupe aux 8 000 collaborateurs souhaite se développer au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, deux des trois zones qu’il a ciblées pour son expansion internationale (la troisième se situant autour de la mer Noire, dans l’est de l’Europe). « Quand nous venons dans un pays, c’est pour y développer la filière tout entière », affirme Michel Boucly. Au Maroc, Sofiprotéol entend ainsi réduire la dépendance du pays aux importations de soja (principalement en provenance d’Argentine). « L’objectif du plan Maroc vert est que le pays atteigne une production de 140 000 tonnes de colza et de tournesol d’ici à 2020, soit environ 20 % des besoins du pays », indique Stéphane Yrles, le secrétaire du comité exécutif de Sofiprotéol.

« Quand nous venons dans un pays, c’est pour y développer la filière tout entière », affirme Michel Boucly.

En avril 2013, le groupe a signé avec Rabat un contrat-programme visant à développer l’agriculture à travers une augmentation des surfaces cultivées et une hausse des rendements. À la clé, la création d’une interprofession regroupant les acteurs économiques de la filière, une garantie des prix de la production des agriculteurs et un appui technique (fourniture d’intrants, optimisation de l’irrigation, etc.).

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« Face à la concurrence de pays déjà bien installés dans leurs productions, on ne peut pas développer une filière sans protection et sans soutien de l’État, qu’il soit réglementaire ou financier », estime Michel Boucly, pointant du doigt la domination mondiale de l’Asie dans l’huile de palme et celle de l’Argentine dans le soja.

Leader incontesté en France

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En France, grâce à Lesieur acquis en 2003, Sofiprotéol est le numéro un incontesté de l’huile alimentaire, avec près de 70 % de part de marché. Et avec Glon Sanders, repris en 2007, il caracole aussi en tête de la nutrition animale. Pour être présent sur toute la filière de la valorisation des oléagineux, il s’est même lancé dans les énergies et la chimie renouvelables.

De Tunis à Dakar en passant par Alger, Casablanca, Bamako et Ouagadougou, le groupe entend déployer l’ensemble de cette panoplie, dans la mesure où le marché le permet. « Idéalement, nous préférons nous positionner dans quelques pays pour y faire tous nos métiers, mais sans dogmatisme : dans notre palette de compétences, nous avons ainsi choisi en premier lieu l’huile au Maroc et la nutrition animale en Algérie », assure le directeur général adjoint.

En Tunisie, le groupe est actif dans les huiles et l’alimentation animale. Au Sénégal, la toile est également tissée : allié à Castel (comme au Maroc) à travers le holding Copéol (également présent en Guinée), Sofiprotéol oeuvre dans la distribution d’huile alimentaire et, depuis la reprise des actifs de Novasen, dans la trituration et le raffinage ; dans le sud du pays, dans le bassin de l’Anambé, le groupe travaille discrètement sur des semences de riz, d’arachide et de tournesol, pour lesquelles des développements agricoles sont en cours ; enfin, dans la nutrition animale, il est associé à l’homme d’affaires sénégalais Ahmet Amar.

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Protéines

Pour le groupe, l’Afrique est une affaire de croissance mais aussi d’image sociétale. « Nous avons clairement le savoir-faire pour répondre aux besoins du continent », assure Michel Boucly, qui souligne l’évolution naturelle des consommations alimentaires : l’huile d’abord, puis les protéines (lesquelles impliquent un boom de la nutrition animale).

Avec une consommation annuelle moyenne de 4 kg d’huile par habitant, l’Afrique est très loin des États-Unis, de la France ou encore de la Chine, dont les habitants consomment respectivement 28, 25 et 20 kg d’huile chaque année !

Partenariats

Prudent, Sofiprotéol opte souvent pour des partenariats. C’est ce qu’il a fait au Maroc en conservant les équipes de Lesieur-Cristal ; au sud du Sahara, en s’alliant avec Castel ; et en Algérie, où il a créé en avril 2013 avec le groupe SIM une coentreprise visant à produire 70 000 t par an de nutrition animale dès cette année, avant de monter progressivement en puissance pour atteindre les 200 000 t. Des alliances qui ont tout leur sens : Castel a par exemple une profonde connaissance du tissu africain et des réseaux de distribution.

Le modèle est bien pensé mais, chez Sofiprotéol, on réfute les objectifs financiers immédiats, affirmant privilégier une présence en Afrique sur le long terme. Mine de rien, le groupe français compte déjà 1 500 collaborateurs sur le continent, pour environ 400 millions d’euros de revenus. Et ce n’est qu’un début.

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