Cameroun : le « Dikologate », le scandale qui fait trembler Douala
Un promoteur ambitieux qui a bénéficié du soutien de l’État, une querelle foncière et des soupçons de corruption… Depuis la mi-mai, des habitants dont les maisons ont été rasées se montrent déterminés à obtenir réparation.
« Ils sont arrivés à 4 heures du matin, accompagnés de 200 policiers et de dizaines de gros bras. Calmement, ils ont installé leurs engins et ils ont attendu. À 9 heures, ils ont commencé à détruire les premières maisons, ignorant les demandes d’explication des habitants qui, tirés de leur sommeil, les avaient rejoints. Puis tout est allé très vite. Nous n’avons pas eu le temps de sauver grand-chose. C’était horrible. »
Ainsi parle Patrick Moudissa Bell de cette nuit du 14 mai, à l’issue de laquelle il a vu ses douze résidences du quartier de Bali-Dikolo, à Douala, réduites en poussière, en même temps que celles de 60 à 80 familles. Au total, près de 1 000 personnes ont été jetées à la rue. À 51 ans, ce chef d’entreprise, dont la famille vivait ici depuis plus de deux cents ans, arbore désormais la casquette de représentant des sinistrés.
Certains se sont réfugiés chez des proches. D’autres louent des chambrettes à la journée. Des cabanes de fortune sortent de terre, ouvertes aux quatre vents en cette saison pluvieuse. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, Jean-Daniel Nguéa, l’un des sinistrés, explique qu’il erre dans les rues de Douala toute la journée et dort la nuit sur la tombe de son père. « Ils sont quelques-uns à ne plus avoir le moindre repère, soupire Patrick Moudissa Bell. Ils ont du mal à se nourrir et ne peuvent compter que sur la solidarité et l’entraide. »
Quatre hectares au cœur de Douala
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