Jean-Louis Gouraud, à bride abattue

Pour Jean-Louis Gouraud, le cheval est toujours un prétexte pour nous faire découvrir un coin du monde.

L’akhal-téké, à la grâce incomparable (Turkménistan). © Yuriy Somov / RIA NOVOSTI

L’akhal-téké, à la grâce incomparable (Turkménistan). © Yuriy Somov / RIA NOVOSTI

Publié le 23 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Qu’on se le dise : 2014 est, dans le calendrier chinois, l’année du cheval. Ce sera aussi celle des Jeux équestres mondiaux, qui se tiendront en Normandie du 23 août au 7 septembre. Notre ami Jean-Louis Gouraud, directeur de la rédaction de Jeune Afrique au début des années 1970, qui a toujours une encolure d’avance, a pris les devants en faisant paraître dès maintenant La Bride sur le cou, un recueil des chroniques qu’il a données à divers magazines, La revue en premier lieu, depuis quelque cinq ans.

Le livre est sous-titré "Galopades, croupades et ruades". L’auteur aurait pu ajouter "escapades". La plupart du temps, en effet, le cheval lui sert de prétexte pour nous faire découvrir un coin du monde. Un jour, par exemple, il nous amène à Saint-Pétersbourg, où il est venu pour faire avancer un chantier qui lui tient particulièrement à coeur : la restauration d’un cimetière pour chevaux créé en 1826 par le tsar Nicolas Ier, abandonné par les révolutionnaires de 1917 et oublié depuis.

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Un ministère du cheval au Turkménistan

Une autre fois, on le retrouve dans le Montana, chez un éleveur d’origine française, William Kriegel, qui, sur les 40 000 ha de son modeste ranch, fait pâturer plus de 6 000 vaches, et quelques dizaines de chevaux, de la célèbre race quarter horse, pour les cow-boys qui les surveillent. En visite en Algérie, notre globe-trotteur se réjouit de constater que l’on a su préserver dans sa pureté la plus valeureuse, à ses yeux, des races de l’espèce équine : le cheval barbe. Au détour d’une réflexion sur le nouveau pape, François, il nous apprend que l’ambassadeur de France au Vatican bénéficiait d’un privilège exceptionnel : en remerciement d’un service rendu autrefois par son pays à la chrétienté, il était autorisé à pénétrer dans la basilique Saint-Pierre de Rome à cheval.

Un pays lui est cher : le Turkménistan. Cette ancienne République soviétique d’Asie centrale, l’un des derniers conservatoires du stalinisme, est en effet le berceau d’une race extraordinaire, l’akhal-téké, à la grâce incomparable. On dit de lui qu’on ne peut pas faire autrement que le vouvoyer. Si son pouvoir est moins grand-guignolesque que celui de son prédécesseur, l’inénarrable Saparmourat Niazov, le nouveau satrape d’Achgabat, reste un dictateur. Et, allez savoir pourquoi, il s’est pris soudain de passion pour le magnifique animal qui avait failli disparaître à l’époque de l’URSS. Non content de faire construire de gigantesques centres hippiques à travers le pays, le dénommé Gourbangouly Berdymoukhamedov, qui ne fait pas les choses à moitié, a créé un ministère du Cheval. C’est tout juste s’il n’a pas rendu l’équitation obligatoire à l’école, ajoute Jean-Louis Gouraud.

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Le cheval : la réincarnation de Jean-Louis Gouraud ?

Pour ceux qui s’étonnent encore de la passion sans limite que ce dernier voue à l’espèce chevaline, à laquelle il a consacré des dizaines de livres et des centaines d’articles, l’une des explications est à chercher à la page 120 de ce pavé qui en compte plus de 300, toutes autant de bonheurs de lecture. Au cours de l’un de ses voyages en Inde, un vieux sage hindou lui a en effet confié qu’il était probablement la réincarnation d’un cheval.

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Pour connaître un peu Jean-Louis Gouraud, cela ne nous surprendrait pas. Car, comme lui, et sans vouloir être désobligeant dans les comparaisons, le cheval est un être éminemment complexe. Il n’est plus tout à fait un animal de rente, comme le mouton, ni tout à fait un animal de compagnie, comme le chien. Contrairement à d’autres espèces – le chat, par exemple, est affublé d’une image de féminité -, il n’a pas de connotation sexuelle définie. On lui attribue à la fois des caractères masculins (l’énergie, la vitesse, la fougue amoureuse) et des caractères féminins (la grâce, mais aussi le côté fantasque, imprévisible). Sans compter que, dans plusieurs mythologies, il est en même temps une personnification des forces vitales et un messager de la mort. Tout cela, bien sûr, c’est Jean-Louis Gouraud qui le rapporte dans son livre.

La Bride sur le cou. Galopades,
croupades et ruades
, de
Jean-Louis Gouraud, Actes
Sud, 304 pages, 19 euros.

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