Racisme : la chasse au faciès continue en Russie

Le 10 octobre, un homme est poignardé dans la banlieue de Moscou par un Caucasien. Des émeutes anti-immigrés s’ensuivent. Que fait la police ? Elle rafle les étrangers en situation irrégulière.

Moscou, 13 octobre. Émeutier en pleine action dans un centre commercial. © Mikhail Listopadov/AP/Sipa

Moscou, 13 octobre. Émeutier en pleine action dans un centre commercial. © Mikhail Listopadov/AP/Sipa

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Publié le 25 octobre 2013 Lecture : 2 minutes.

Il s’appelait Egor Chtcherbakov, il avait 25 ans et il a été poignardé à mort sous les yeux de sa fiancée, le 10 octobre à Birioulovo, dans la banlieue sud de Moscou. Au cours des jours suivants, aux cris de "la Russie aux Russes", des centaines d’habitants du quartier sont descendus dans la rue pour réclamer l’interpellation du meurtrier, "un homme d’apparence caucasienne" – un Azerbaïdjanais, en l’occurrence – identifié grâce à des caméras de vidéosurveillance. La manifestation a tourné à l’émeute. Les protestataires ont saccagé un centre commercial, puis défoncé les portes d’un entrepôt de légumes où travaillent de nombreux migrants, faisant 23 blessés, dont 2 policiers.

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Cible de leur vindicte : les populations venues d’Asie centrale et du Caucase. Certains (parmi lesquels 30 millions de musulmans) sont des citoyens russes à part entière depuis l’époque lointaine où l’Union soviétique était une mosaïque de peuples et de nationalités. D’autres sont issus des républiques de l’ex-URSS qui ont proclamé leur indépendance en 1991. D’autres enfin sont des migrants en situation irrégulière : Chinois, Vietnamiens, Africains, etc. Mais, pour de nombreux Russes "de souche" exaspérés par la crise économique et le chômage, peu importe le statut ou le degré d’appartenance à la nation de ces personnes au "faciès non slave" : ils les accusent de leur voler leur travail et d’être responsables d’un fort taux de criminalité.

1200 personnes raflées

Faux, s’insurge l’ONG Sova, à Moscou : les migrants ne commettent pour l’essentiel que des infractions aux règles de séjour. Quant à la criminalité, elle s’exerce aussi à leurs dépens. Depuis le début de l’année, 17 meurtres racistes ont été perpétrés et 115 personnes ont été blessées dans 28 des 83 régions recensées.

Or loin de sévir contre les groupes qui se sont déchaînés à Birioulovo, la police a lancé des raids sur les marchés moscovites et raflé 1 200 personnes soupçonnées d’être en situation irrégulière. Quelques semaines plus tôt, la chasse aux immigrés avait été le thème central de la campagne des municipales aussi bien du côté du vainqueur, Sergueï Sobianine (un proche du président Poutine), que d’Alexeï Navalny, un blogueur "libéral" encensé par l’Occident. Au lendemain des émeutes, Sobianine a conseillé aux "étrangers" de ne pas mettre le nez hors de chez eux. Mais déjà le 16 octobre, le corps sans vie d’un Ouzbek de 51 ans a été retrouvé à Birioulovo. Lardé de coups de couteau.

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