Chine-Afrique : comment Washington veut reprendre le contrôle sur les investissements
À l’initiative des États-Unis, le G7 lance un vaste programme dédié aux pays en développement, dont plusieurs États africains. En filigrane, l’objectif est de bousculer la suprématie chinoise en la matière.
Le 26 juin, les sept États membres du G7 se sont réunis en Allemagne pour lancer un projet massif d’investissements à hauteur de 600 milliards de dollars (près de 570 milliards d’euros) dédié au développement des infrastructures dans le monde. Ce programme, à horizon 2027, vise officieusement à contrer la mainmise de la Chine et ses « nouvelles routes de la soie » dans les pays en développement, surtout en Afrique. Même si aucun des dirigeants des sept pays les plus développées n’a prononcé le nom de la Chine, plusieurs allusions y ont été faites.
Ainsi, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a souligné que les pays partenaires des Occidentaux « ont le choix », un choix qui s’apparente être celui des démocraties contre Pékin. Joe Biden, président des États-Unis, a quant à lui précisé que le G7 « propose une meilleure option », basée sur des « valeurs partagées » telles que la « transparence », le respect des droits des travailleurs, de l’environnement, de l’égalité des genres.
Prêts peu avantageux
La transparence prônée par la Maison-Blanche est un argument de taille face aux prêts chinois jugés souvent trop « opaques », aux taux « peu avantageux », et dont les conditions exacerbent la vulnérabilité des pays en développement. Beaucoup de pays qui ont reçu des fonds ou des investissements du programme chinois « Belt and Road Initiative » (BRI) sont désormais bien sont plus endettés qu’auparavant, avec un PIB qui n’a pas suffisamment progressé, et des investissements qui n’ont pas significativement amélioré la qualité de vie des populations.
D’ailleurs, la Chine n’a rejoint le « cadre commun » mis en place par les pays du G20 pour restructurer, voire annuler la dette des pays pauvres qui le demandent, qu’en avril 2022 – soit plus de deux ans après le lancement de l’initiative. « Nous avons obtenu un engagement très concret de la Chine pour rejoindre le comité, d’une manière plus générale, pour travailler de manière constructive », avait déclaré Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI, le 21 avril. À ce jour, seuls trois pays africains – le Tchad, la Zambie et l’Éthiopie –, ont demandé à bénéficier de ce cadre. Malgré l’introduction tardive de la Chine à cette initiative, les banques chinoises se sont bien attelées à brouiller la distinction entre dette publique et dette privée, et ont adossé le remboursement de certaines de ces dettes aux ressources naturelles des pays africains concernés.
L’Afrique subsaharienne en priorité
Un haut responsable de l’exécutif américain a indiqué à l’issue de la réunion du G7 que « l’Afrique subsaharienne sera clairement une priorité majeure ». En l’espace de vingt ans, la Chine en est devenue le principal créancier. En 2020, l’empire du milieu détenait 62,1 % de sa dette externe bilatérale, contre 3,1 % en 2000.
Durant cette même période, d’après l’université de Boston, les financiers chinois ont signé plus de 1 188 engagements de prêts pour une valeur totale de 160 milliards de dollars auprès de 49 gouvernements africains. Selon la même source, les plus gros emprunteurs étaient l’Angola, le Kenya, l’Égypte, le Nigeria, le Cameroun, l’Éthiopie, la Zambie, l’Afrique du Sud, le Congo et le Ghana.
Renverser la tendance
Conformément au rapport « Banking on the Belt and Road », datant du 27 septembre 2021, 350 milliards de dollars de dettes « cachées » sont sortis des radars du système de déclaration officielle de la Banque mondiale. En tout, 26 États africains seraient concernés, pour un montant représentant environ 40 milliards de dollars sur la période 2000-2017.
Pour réussir à contrer l’offensive chinoise qui existe depuis des années, les pays du G7 se disent prêts à mettre les moyens nécessaires. À eux seuls, les États-Unis comptent injecter quelque 200 milliards de dollars sur cinq ans dans les pays en développement. Une somme composée de prêts, financements publics et financements privés encouragés par l’exécutif américain. En tout, le G7 indique être capable de dédier 600 milliards de dollars à ce programme. Le montant alloué à l’Afrique n’est pour l’instant pas défini.
Avec AFP
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