« No Wahala » : 1da Banton, l’artiste nigérian derrière le tube TikTok
Grâce à un morceau repris dans un challenge de danse sur la plateforme de partage de vidéos, le chanteur a été catapulté au sommet des charts. Et semble dépassé par la machine.
« Pas de problème », chante-il en pidjin sur son hit No Wahala. Un mantra qui sied plutôt bien à l’artiste nigérian de 28 ans, qui semble ne pas vouloir trop s’en faire. Après un premier rendez-vous manqué pour cause de mauvaise gestion de planning, alors qu’il est de passage à Paris pour assurer la promotion de sa tournée européenne, 1da Banton nous donne rendez-vous le lendemain, cette fois par visioconférence. « Pas de problème », donc.
C’est pourtant la première fois qu’il se rend dans la capitale et il est « ravi de rencontrer la presse française et [ses] fans », nombreux à avoir entendu le morceau à l’origine du challenge TikTok « No Wahala Dance » (plus de 2 millions d’occurrences sur la plateforme). « Depuis que je suis arrivé à Paris, j’entends mon morceau partout, dans le taxi, dans les magasins, à la radio… C’est dingue », s’étonne-t-il. Les chiffres concernant ce défi de danse sont ahurissants. Au total, plus de 400 000 vidéos montrant des jeunes du monde entier reprenant la même chorégraphie afrobeats se concluant par un kick (« coup de pied ») ont été publiées à ce jour sur TikTok. Et le phénomène ne faiblit pas.
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♬ No Wahala - 1da Banton
Un remix avec Tiwa Savage
Pourtant, le Nigérian originaire de Port-Harcourt a au départ été dépassé par la machine. Son morceau était repris partout sur la plateforme de partage de vidéos sans que son nom soit mentionné. Il existe encore dans les méandres du réseau social des remixes peu heureux crédités « No Wahala » et des versions où la voix du chanteur se retrouve étrangement accélérée et à peine reconnaissable. Quid des droits d’auteur et du modèle de rémunération des artistes sur TikTok ? 1da Banton ne semble ni s’en soucier ni s’y intéresser. « Je fais confiance à mes équipes », prétexte-t-il, peu concerné. Pourtant, le réseau social préféré de la nouvelle génération doit la plupart de ses buzz aux morceaux signés par des artistes afro, sans que ces derniers bénéficient toujours d’une visibilité ou d’une reconnaissance.
« Je ne suis pas très porté sur les réseaux sociaux, mais j’ai dû m’y mettre et ouvrir un compte pour publier une version avec Tiwa Savage », admet le chanteur, qui y a sans doute été poussé par ses équipes. « Les titres dépassent souvent les artistes, surtout ceux qui montent comme moi, reconnaît-il. Je voulais que l’on sache qui était l’auteur derrière le morceau, aujourd’hui c’est chose faite. Et il existe trois remixes officiels ». Un featuring avec Kizz Daniel et Tiwa Savage donc, une version française avec DJ Leska et Naza, ainsi qu’une version ghanéenne, dans la veine Amapiano (Taliixo & Wiils). De quoi prolonger la fièvre.
@djfeezy 1da banton - No wahala (remix) ft Tiwa savage #tiwasavage #nowahala #1dabanton #music #afrobeats #viral #fypシ #foryou #tiktoknigeria
♬ original sound - IDAN
Sorti en juillet 2021, soit deux mois avant la création du challenge, au moment de la publication d’Original Machine Vibe – le premier album de 1da Banton, passé quasi inaperçu –, le morceau s’est depuis hissé dans les tops 100 d’Apple Music dans 26 pays, en deuxième position des singles les plus shazamés au monde et dans le top 10 du Nigeria. Un coup d’accélérateur pour Godson Epelle, de son vrai nom, qui doit maintenant se détacher du phénomène pour exister en tant qu’artiste.
Sur les pas de Burna Boy
Encore inconnu à l’international il y a moins d’un an, 1da Banton n’en est pourtant pas à son coup d’essai. En 2018 déjà, il voyait son morceau « Way up », extrait de son EP Banton, figurer au générique de l’émission Big Brother Naija. Trois ans plus tard, l’artiste s’offrait une collaboration avec le Ghanéen Stonebwoy sur une autre version. 1da Banton travaille d’ailleurs de nouveaux morceaux avec la star du dancehall. Il espère les intégrer aux titres de son deuxième album, Good Vibes, prévient-il, à paraître d’ici à la fin de l’année.
C’est en tant que batteur de l’église de son quartier que 1da Banton a commencé sa carrière, avant de lancer un groupe de soca avec des amis. « On composait nos morceaux, on écrivait… Tout cela influence ma musique. Mais aujourd’hui, on est obligé de classer notre son sous la bannière afrobeats pour décoller, car ce genre est un vrai phénomène », admet celui qui reste très inspiré par Wizkid. « C’est vraiment le prince de l’afrobeats. En regardant sa carrière, je me suis dit que s’il pouvait le faire, alors moi aussi. En plus, je suis né là où a démarré Burna Boy ! » Reste à savoir si 1da Banton aura suffisamment d’étoffe pour marcher dans les pas de ses prédécesseurs et dépasser le phénomène de buzz.
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