Julius Malema, tout un programme

Bien décidé à en découdre avec l’ANC, le bouillonnant Julius Malema a lancé son parti. Son nom ? Combattants pour la liberté économique.

Le 13 octobre, sur le site de la mine de Marikana. © Reuters

Le 13 octobre, sur le site de la mine de Marikana. © Reuters

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 28 octobre 2013 Lecture : 2 minutes.

S’il y a une chose que l’on ne peut enlever à Julius Malema, c’est son sens de la mise en scène. Le 13 octobre, l’ancien chef de la Ligue de la jeunesse du Congrès national africain (ANC), devenu un féroce détracteur du président Zuma, a choisi le tristement célèbre site de Marikana pour lancer son parti, Combattants pour la liberté économique (EFF). C’est là que 34 mineurs grévistes étaient tombés sous les balles de la police, le 16 août 2012. Là, aussi, que Malema avait réussi son plus beau coup politique, en se rendant au chevet des mineurs et en accusant le président, Jacob Zuma, d’être responsable du drame.

Devant plus de 5 000 sympathisants venus assister au lancement d’EFF, Malema a harangué la foule avec une rhétorique dont il a le secret. Réaffirmant sa volonté de saisir les terres des fermiers blancs sans qu’aucune compensation ne leur soit versée, il s’est écrié : "Vous n’avez pas à payer pour votre terre ! Elle a déjà été payée par la sueur de vos ancêtres."

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Depuis son exclusion de l’ANC en 2012 pour avoir "discrédité" et "divisé" le parti, le tribun de 32 ans ne connaît plus aucune limite, assurant par exemple être "la cible d’une persécution politique menée par [le ministre des Finances] Pravin [Gordhan] et son groupe d’Indiens". L’ANC est "pire que le régime de l’apartheid", a-t-il osé fin septembre. Même l’Alliance démocratique, principal parti d’opposition, s’est fendue d’une déclaration pour le contredire.

Fraude, corruption, blanchiment d’argent et racket

Malgré ses efforts, Malema ne rencontre pour l’instant qu’un succès mitigé. EFF a certes été crédité de 26 % d’intentions de vote chez les 18-34 ans par un sondage en juin. Mais son leader n’a pas réussi à débaucher de grandes figures de l’ANC, qui a même remporté, le 7 août, une élection municipale symbolique avec 85 % des voix, au coeur de la région des mines, face à un candidat soutenu par Malema. Ce dernier n’a plus que six mois pour mettre sur pied une formation suffisamment solide pour faire ses preuves lors des élections générales de 2014. Dans l’intervalle, il devra répondre d’accusations de fraude, de corruption, de blanchiment d’argent et de racket. Mais il en faudra plus pour le décourager. Malema se dit d’ailleurs certain d’arriver en tête dans la province du Nord-Ouest. Celle-là même où votent les mineurs de Marikana.

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