Algérie-France : un député français nostalgique de la colonisation crée la polémique
Lors de la session inaugurale de la nouvelle législature française, le député du Rassemblement national José Gonzalez a tenu sur l’Algérie des propos qui font polémique.
Pour l’opposition de gauche, « la dédiabolisation du Rassemblement national (RN) a pris fin dès la première séance ».
Ce 28 juin se tenait la séance inaugurale de la nouvelle Assemblée nationale française issue des urnes. Comme le veut le règlement, c’est le doyen de l’hémicycle qui a présidé la première séance avant que les députés ne procèdent à l’élection du président de l’Assemblée. Cette tâche a échu à José Gonzalez, un député RN de 79 ans.
Son discours inaugural, qui n’a pourtant duré que cinq minutes, n’est pas passé inaperçu. Plusieurs propos tenus par ce pied-noir né à Oran en 1943 ont créé la polémique.
Arrivé à Marseille en 1962 à l’âge de 19 ans, José Gonzalez a notamment expliqué avoir été « arraché à sa terre natale » : « J’y ai laissé une partie de ma France et beaucoup d’amis. […] Mon âme est à jamais meurtrie. »
La politique mémorielle de Macron ? Une « erreur monumentale »
À sa sortie de l’hémicycle, face aux micros et aux caméras, cet ancien retraité et contrôleur d’exploitation à l’aéroport de Marseille en a remis une couche. Interrogé plus en détail sur son rapport à l’Algérie, il a affirmé qu’il n’était « pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes ou non », invoquant au passage « des crimes d’un côté comme de l’autre ».
« Venez avec moi en Algérie dans le Djebel, je vais vous trouver beaucoup d’Algériens qui vont vous demander « quand est-ce que les Français reviennent ? » », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : « J’ai applaudi de Gaulle en 1958 quand il a clamé “vive l’Algérie Française !” » J’ai compris après qu’il ne fallait plus applaudir. »
Le député nouvellement élu a ensuite directement mis en cause la politique mémorielle d’Emmanuel Macron à l’égard de l’Algérie, qu’il a qualifiée d’« erreur monumentale ».
« En expliquant à nos jeunes issus d’Afrique du Nord qu’on a commis des crimes contre l’humanité contre leurs parents, comment voulez-vous qu’ils se comportent avec nous et nous respectent ? », a-t-il déploré.
Au sein de l’opposition, les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir. La présidente du groupe La France Insoumise (LFI), Mathilde Panot, a qualifié cette déclaration d’« apologie de l’Algérie française et des crimes de la colonisation ». Le chef du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a affirmé avoir été « assez gêné » par la tonalité de cette intervention.
Jean-Marie Le Pen a apprécié
En réponse, José Gonzalez a déclaré avoir fait preuve de prudence et s’être contenté d’« évoquer son cas personnel ».
Pour Louis Alliot, maire RN de Perpignan et cadre du parti, « le discours de Monsieur Gonzalez faisait référence à sa vie en Algérie, qui était sa terre natale, et où il a enterré ses grands-parents ».
Selon Lorrain de Saint Affrique, ancien attaché de presse du président français Valéry Giscard d’Estaing et ex-conseiller de Jean-Marie Le Pen, ce dernier a particulièrement apprécié le discours du doyen de l’Assemblée, et compte bien appeler José Gonzalez pour le féliciter et éventuellement le rencontrer. Lorrain de Saint Affrique, récemment rallié au parti Reconquête ! d’Éric Zemmour, a salué un discours « d’un équilibre et d’une finesse remarquables ».
Militant de longue date du Front national, auquel il a adhéré en 1978 sous la présidence de Jean-Marie Le Pen, José Gonzalez a été élu député de la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône en récoltant 60 % des voix au second tour face à une candidate de gauche.
Auparavant, il a exercé plusieurs mandats locaux dans la commune d’Allauch (Bouches-du-Rhône), et a été un temps gestionnaire d’auto-école.
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