Douce France…

MARWANE-BEN-YAHMED_2024

Publié le 21 octobre 2013 Lecture : 2 minutes.

Drôle de séquence en ce mois d’octobre, révélatrice de l’ambivalence française. Bienvenue chez Janus. Il y a d’abord la "vague" Front national (FN) et le "séisme" de Brignoles. Une petite bourgade du Var où les Le Pen et associés ont toujours enregistré de bons résultats, et qui donne au FN, lors – faut-il le rappeler – d’une simple élection cantonale, l’occasion de plastronner grâce à la victoire d’un homme que ses anciens petits camarades décrivent comme un passionné de Hitler et de Goebbels…

Le même jour, à Marseille, la sénatrice socialiste Samia Ghali remporte haut la main le premier tour de la primaire PS pour les municipales de 2014. Que de chemin parcouru depuis son enfance dans la cité Bassens, l’une des plus dégradées des quartiers Nord, où ses parents ont débarqué d’Algérie. Une femme, qui plus est d’origine maghrébine : joli symbole, même si l’aventure ne va pas plus loin.

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Quelques jours plus tard, nouvel épisode significatif. L’interpellation d’une lycéenne kosovare dans un bus scolaire et sa reconduction vers son pays d’origine. La gauche face à ses contradictions, Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, comparé à Sarkozy, Hortefeux ou Guéant. Cruel… On finit même par marcher sur la tête quand Marine Le Pen évoque une "maladresse" : il eût fallu agir autrement, nous explique l’héritière ripolinée d’un parti qui ne fait plus peur… La France expulse à tour de bras, crée des "prisons DHL" et des tribunaux d’exception dans ses aéroports pour se débarrasser en un tournemain de ses clandestins, mais n’a pas perdu sa capacité à s’indigner et à se mobiliser pour défendre une autre conception de la nation, jadis patrie des droits de l’homme et des Lumières.

L’émotion suscitée par cette affaire révèle aussi la complexité d’une opinion publique peut-être lassée de voir toujours stigmatisées les minorités les plus vulnérables, souvent par calcul bassement politicien. Une séquence qui illustre à merveille le débat qui agite le pays : se recroqueviller sur soi, ériger des barricades et provoquer la confrontation, ou s’ouvrir, chercher à comprendre l’autre et oeuvrer à l’édification, conformément à l’idéal républicain, d’une société – nécessairement nouvelle – plurielle, prospère et fraternelle.

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D’un côté, les membres de la Finkielkraut Connection, leur antienne sur l’identité nationale, leurs éructations crétinisantes et leurs fabriques à clichés sur les "envahisseurs", l’intégration, les jeunes des quartiers défavorisés, le voile islamique. De l’autre, tous ceux qui ont mieux à faire que de regretter – ou que de vouloir ressusciter – la France d’il y a cinquante ans. Et qui considèrent que l’évolution d’une société, en partie née de brassages ou d’apports extérieurs, n’est pas un inéluctable appauvrissement mais un enrichissement. Ça va mieux en le disant… 

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