Jacques Vandescure, l’art du rebond

Après un bref passage dans l’équipe universitaire du Wyoming et plusieurs opérations chirurgicales, le belgo-congolais Jacques Vandescure prêche aujourd’hui l’évangile du ballon orange en Afrique.

Adolescent, Jacques Vandescure brillait sur le terrain, mais pas en classe. © Thomas Fretteur/Out of focus pour J.A.

Adolescent, Jacques Vandescure brillait sur le terrain, mais pas en classe. © Thomas Fretteur/Out of focus pour J.A.

Publié le 17 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Un mètre quatre-vingt-quinze, short et tee-shirt extra-larges, baskets, Jacques Vandescure arbore le total look du basketteur. Loin de l’archétype du sportif bling-bling : chez lui, tout est dans la simplicité. À peine installé, il pose sa grosse valise à roulettes dans un coin et propose le tutoiement. Souvent entre deux avions, Jacques ne se sépare pas de sa valise. Dedans, il y a ses rêves et ses envies pour Basketball Global Vision, désormais l’engagement de toute sa vie.

Bien qu’il ait vécu une bonne partie de sa vie aux États-Unis, Jacques Vandescure aime rappeler qu’il est avant tout bruxellois : « J’ai grandi place Émile-Bockstael à Bruxelles. Toutes nos pensées à l’époque étaient tournées vers l’Amérique. Nous voulions, mes frères et moi, ressembler aux stars du petit écran, toutes catégories confondues ! » Issu d’une famille de cinq enfants, il est le petit dernier. Belge par son père et congolais par sa mère, il revient souvent sur son métissage et relate avec une certaine mélancolie les dures années de son adolescence. Longtemps, en classe et sur le terrain, tout lui rappelle qu’il est différent, étranger. « C’est à 14 ans que je me suis rendu compte que je ne ressemblais à aucun de mes parents… Je ne ressemblais qu’à mes frères. » Le sport va être sa planche de salut, l’activité parascolaire par laquelle il existera auprès des ados de son quartier. Brillant sur le terrain, terne en classe.

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L’ascension vers la gloire commence rapidement. Alors qu’il accompagnait régulièrement son frère, Éric, à l’entraînement, il finit par intégrer le Basketball Club de Bruxelles, seul club qui ouvrait à l’époque ses portes aux joueurs de « couleur ». Puis il rejoint l’équipe nationale belge, se fait un nom et commence à rêver d’une carrière en NBA. De nombreux coachs lui font une cour assidue avant que le drame survienne. Blessures, opération du genou, et le téléphone qui cesse de sonner. Adieu le rêve de NBA !

Mais comme dans bien des success-stories à l’américaine, sa carrière est faite de rebondissements et de récits édulcorés. Alors qu’il ne s’y attend plus, grâce à un ami influent du basketball belge, Fred Young, il parvient à rejoindre les États-Unis pour jouer dans l’équipe universitaire du Eastern Wyoming College. Sacré meilleur basketteur de son État, il entre dans le top 100 des meilleurs joueurs junior des États-Unis. Après cette fulgurante escalade vers la gloire, les demandes des clubs belges affluent. Vandescure cède à la pression et décide de rentrer en Belgique. Mais même s’il remporte plusieurs trophées, ses blessures l’obligent à penser à une reconversion. C’est à ce moment que commence son histoire avec l’Afrique.

Kinshasa (RDC) sera son point de départ vers cette terre qu’il ne connaît finalement que très peu. Muzungu (« le Blanc »), c’est comme ça qu’on l’appelle là-bas. Et comme la plupart des Bazungu, il sera d’abord subjugué par la vivacité de cette ville qui ne dort jamais. Mais il évoque aussi avec idéalisme ces « papas » et « mamans » qui gardent le sourire malgré la misère ambiante, la force de ce peuple martyrisé par la guerre. Jamais il ne parlera de politique, ou alors du bout des lèvres. À aucun moment il ne prend position, même quand il raconte Goma où il se rend régulièrement pour former coachs et jeunes basketteurs en quête de succès.

Aujourd’hui consultant pour les San Antonio Spurs (Texas), il a créé le projet Basketball Global Vision, grâce auquel il parcourt le continent africain et prône l’éducation par le sport. De Goma à Dakar en passant par Rabat et Johannesburg, Jacques Vandescure organise des camps autour du basketball, et c’est avec beaucoup de fierté qu’il parle des cinq Congolaises qui ont pu décrocher une bourse sportive pour poursuivre leurs études aux États-Unis.

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Aujourd’hui âgé de 35 ans, le basketteur n’a pas encore d’enfants, mais il ne peut s’empêcher de penser à sa future famille. « Je ne suis pas encore papa, mais je sais que mes enfants seront sportifs. Je leur mettrai probablement un ballon entre les mains dès le berceau. »

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