Cameroun – RDC : Ahidjo et Mobutu… outrage post-mortem

Ahmadou Ahidjo et Mobutu Sese Seko. © AFP/Sipa/Montage J.A.

Ahmadou Ahidjo et Mobutu Sese Seko. © AFP/Sipa/Montage J.A.

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 16 octobre 2013 Lecture : 2 minutes.

Si l’on excepte le cas particulier du roi Idriss de Libye, renversé en 1969 par un certain Mouammar Kadhafi alors qu’il se trouvait à l’étranger, décédé quinze ans plus tard au Caire et inhumé selon ses volontés dans la ville sainte de Médine, en Arabie saoudite, seuls deux anciens chefs d’État africains continuent de subir l’outrage post-mortem d’une sépulture d’exil. Ahmadou Ahidjo et Mobutu Sese Seko – ce dernier reposant depuis son décès, le 7 septembre 1997, dans un cimetière de Rabat, à des milliers de kilomètres de son Équateur natal – sont en quelque sorte morts deux fois : foudroyés par la maladie et ostracisés par la terre de leurs ancêtres, loin de laquelle il ne saurait, en Afrique, y avoir de paix éternelle.

De cette double anomalie, les familles des défunts peuvent en partie être tenues pour responsables. Divisés, parfois déchirés, incapables de se choisir un interlocuteur unique, les "clans" Ahidjo et Mobutu sont loin de présenter le visage qui convient pour mener dans la sérénité les négociations, préludes inévitables au retour des restes des anciens présidents. Depuis Dakar, Germaine Ahidjo campe sur son intransigeance, alors que les veuves jumelles Bobi et Kosia Mobutu (la première étant reconnue comme seule légitime par le gouvernement de Kinshasa) font face au tir de barrage des enfants de la toute première épouse du maréchal. Le tout sur fond d’héritage disputé. On imagine aisément l’ambiance.

Savoir jeter la rancune à la rivière n’est-il pas le propre des vrais chefs ?

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Reste que si les proches ont leur fierté respectable et leurs petits calculs agaçants, ce n’est pas à eux mais à l’État qu’il revient de faire le geste historique susceptible de balayer ces obstacles. Au regard de l’histoire du Cameroun et de la trace qu’il entend y laisser, il serait ainsi incompréhensible que Paul Biya ne fasse pas tout, avant de quitter lui-même le pouvoir, pour organiser les funérailles nationales de celui qui fut son mentor et son Pygmalion. Savoir jeter la rancune à la rivière n’est-il pas le propre des vrais chefs ? De même, Joseph Kabila se grandirait sans nul doute à déclarer publiquement sa volonté d’offrir à la dépouille d’un homme que combattit son père mais qui, qu’on le veuille ou non, a façonné la RD Congo, un retour tout aussi honorifique.

Tous deux devraient savoir que les deuils ressoudent les nations mieux que les triomphes et qu’à condition d’avoir le courage politique d’en faire bon usage, ils ne pourront qu’en tirer profit.

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