Les Berbères, fiers de leur drapeau
La lettre « Z », transcrite en tifinagh, imprimée en rouge sur un fond bleu, vert et jaune : le fameux étendard berbère est devenu le symbole d’un peuple en lutte pour sa survie. Mais il n’est pas aussi vieux que l’on croit.
Afrique du Nord : l’Internationale berbère
En Libye, les rebelles l’exhibaient fièrement sur les chars ou les pick-up récupérés à l’armée du colonel Kadhafi. En Kabylie, les manifestants l’arborent durant les manifestations de rue. Dans les Aurès, les militants le déploient comme un emblème de la résistance. Lors de la finale de la Champion’s League de 2011 remportée par le FC Barcelone, Ibrahim Afellay, footballeur international néerlandais d’origine marocaine, s’en était drapé les épaules. En France, au Canada ou en Australie, les émigrés le hissent dans les salles de concerts.
Tout comme les Bretons, les Catalans ou les Basques, les Berbères d’Afrique du Nord possèdent leur bannière : un drapeau frappé de la lettre "Z", transcrite en tifinagh, l’alphabet berbère. Ses couleurs rappellent celles des paysages amazighs. Le bleu symbolise la Méditerranée et l’océan Atlantique, le vert les montagnes boisées, le jaune l’immensité du Sahara où vivent les Touaregs. La couleur rouge du sigle symbolise la vie, le sang qui unit les Berbères de Libye, de Tunisie, d’Algérie, du Maroc et des îles Canaries.
Non reconnu officiellement
L’histoire de l’étendard berbère n’est pas aussi ancienne que les peuples qu’il représente. C’est plutôt dans les années 1970 que des chercheurs et des intellectuels kabyles, réunis autour de l’Académie berbère, une association basée à Paris, envisagent la création d’un emblème commun. Toutefois, son adoption a été retardée jusqu’en 1998 pour être officialisée lors du Congrès mondial amazigh qui s’est tenu à Tafira (Las Palmas). Depuis, ce drapeau, qui n’est guère reconnu officiellement par les gouvernements, l’est en revanche par les populations des confins de la Libye aux rivages de l’Atlantique.
Si en Algérie ou au Maroc les autorités tolèrent la possession ou la vente libre de l’emblème berbère, ce ne fut guère le cas en Libye sous Kadhafi ou en Tunisie sous Ben Ali. Dans ces régimes autoritaires, revendiquer son appartenance à la culture ou à la langue berbère pouvait mener jusqu’en prison ou au peloton d’exécution.
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