Les Berbères, dispersés mais unis
Au gré des colloques, les Berbères du monde entier ont su tisser un véritable réseau de solidarité.
Afrique du Nord : l’Internationale berbère
Un homme (une femme), une voix, une association. Tel pourrait être le slogan du Congrès mondial amazigh (CMA). Réunie à Djerba, fin septembre 2011, cette Internationale qui ne dit pas son nom est animée par une myriade d’associations locales et transnationales. Ici, tout le monde se connaît (ou presque). On trouve des Libyens et des Rifains, des Soussis et des Kabyles, des Touaregs et des Chaouis. Il y a même des Canariens. Beaucoup viennent aussi de France, d’Espagne et des Pays-Bas. D’autres du Canada. Un véritable réseau, constitué au fil des congrès, des colloques et des sessions des organes des Nations unies.
Une partie des intellectuels amazighs ont commencé à se fréquenter à l’Académie berbère, créée à Paris en 1967. À l’époque, les Kabyles sont très en avance dans le discours et la pratique politique. Les Marocains, étudiants et ouvriers, sensibles à leur appartenance identitaire, apprennent vite. À l’époque, les écrits de Mouloud Mammeri, de Jean Amrouche et de Kateb Yacine étaient incontournables. L’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), qui a accueilli, avant la création de l’Institut royal de la culture amazigh au Maroc (Ircam), les premières cohortes de linguistes amazighophones, fait aussi office de lieu de rendez-vous. Aujourd’hui, les didacticiens de l’Ircam sont sollicités jusqu’en Libye. Quelles que soient les positions institutionnelles, beaucoup ont gardé l’esprit militant et les habitudes de la vie associative. Nombre de questions sont réglées sans tambour ni trompette. Cette solidarité est renforcée, chez certains, par l’émigration. En cas de difficulté, des sommes d’argent colossales peuvent être mobilisées auprès d’un riche commerçant Soussi et, par un jeu de compensation, atterrir dans une famille nécessiteuse, à Gennevilliers, Bruxelles, ou Tanger.
Revendications autonomistes
Le Congrès mondial amazigh est une première tentative de rassembler autour de la même cause – la défense des droits linguistiques, culturels, politiques, sociaux et économiques, et amazighs – des expériences diverses. Cela ne va pas sans la résistance de certains militants qui préfèrent le combat national. Solidaire des autres "peuples autochtones", comme les Basques et les Catalans, le CMA n’a pas peur de mettre en avant les revendications autonomistes. C’était notamment le cas, il y a peu, de l’Azawad et de son représentant, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), dans le Nord-Mali. Sur cette question, le débat en interne reste très animé.
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