Stéphanie Pouessel : « Le combat des Berbères est moins identitaire que social »

Le Printemps arabe augure-t-il du Printemps berbère ? Les réponses de Stéphanie Pouesseul, chercheuse à l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC, à Tunis).

Stéphanie Pouessel est chercheuse à l’IRMC, à Tunis. © DR

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Publié le 22 octobre 2013 Lecture : 2 minutes.

Afrique du Nord : l’Internationale berbère
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Afrique du Nord : l’Internationale berbère

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Jeune Afrique : Y a-t-il une spécificité berbère au sein du Printemps arabe, en Afrique du Nord ?

Stéphanie Pouessel : Pas du tout ! Ce qu’on appelle le Printemps arabe est avant tout l’expression de révoltes sociales et politiques. En Tunisie, en Égypte et en Libye, les débats identitaires étaient absents au départ. Le Maroc est un cas particulier puisque le roi a été amené à réformer la Constitution et à intégrer la langue amazigh comme langue officielle.

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Quel rôle jouent les diasporas dans la mobilisation amazigh ?

Dès les années 1960, les militants, surtout des Marocains et des Algériens, se sont rencontrés à Paris. Le Congrès mondial amazigh [CMA], créé d’ailleurs en France, porte depuis cet idéal transnational. Mais la lutte s’inscrit à chaque fois dans des contextes nationaux spécifiques. Derrière la revendication identitaire se cache celle d’une intégration dans les rouages de l’État. Dans les régions berbérophones, souvent marginalisées, les habitants ont des aspirations sociales et économiques, pas transnationales.

La solidarité affichée entre activistes amazighs et mouvements autonomistes en Kabylie et dans l’Azawad (au Mali) inquiète-t-elle les pouvoirs centraux ?

En Kabylie, le pouvoir algérien prend très au sérieux cette menace et tente de l’endiguer, mais elle est portée par un groupe très minoritaire. Le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie [MAK] n’est pas représentatif de la revendication kabyle. L’Azawad montre bien que le contexte local est important. La solidarité entre Amazighs et indépendantistes touaregs a souffert de la question islamiste [avec l’implication des jihadistes].

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La question amazigh émerge-t-elle en Tunisie, un pays qui revendique fortement son identité arabe ?

L’élément berbère a été intégré de manière très particulière. Depuis Bourguiba, il était cité au même titre que le carthaginois ou l’ottoman dans l’héritage historique, comme une strate de l’identité, complètement morte et donc pas du tout menaçante. D’où une vision un peu folklorique, très présente dans le tourisme. Aujourd’hui, la revendication identitaire est absente du débat sur la Constitution, mais des associations de culture amazigh se multiplient dans le pays.

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Propos recueillis par Youssef AÏt Akdim

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