Nigeria : rendez le magot de Sani Abacha !
Le Liechtenstein est assis sur un tas d’or appartenant à… Abuja. Le petit paradis fiscal niché en plein coeur de l’Europe restituera-t-il les sommes détournées par l’ancien dictateur nigérian Sani Abacha ? L’affaire est devant la justice européenne.
"L’argent ne dort jamais", paraît-il. Surtout, ne le répétez pas à Goodluck Jonathan, le président nigérian, il risquerait d’en perdre… le sommeil. Car quinze ans après la mort de Sani Abacha, l’État bataille toujours pour récupérer la colossale fortune détournée et placée sur des comptes à l’étranger par l’ancien général-président. Sur les 2,4 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) qu’Abuja a réclamés, seuls 1,3 milliard de dollars ont été récupérés. Une partie (185 millions d’euros) de ce fabuleux magot se trouve toujours au Liechtenstein, petit paradis fiscal niché entre la Suisse et l’Autriche. Et le Nigeria s’impatiente de voir cette principauté lui rendre son dû.
Un tribunal du Liechtenstein avait pourtant ordonné, en 2012, après plus d’une décennie de procédure, la confiscation des fonds, jusque-là détenus par la famille du défunt dictateur. En mars, celle-ci a perdu en appel. Qu’à cela ne tienne : ayant épuisé tous les recours devant la justice locale, le clan Abacha, particulièrement procédurier, a déposé une nouvelle plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). De l’avis de Robert Wallner, procureur général du Liechtenstein, les chances qu’elle aboutisse sont "faibles", mais cela n’empêche pas le gouvernement de refuser de restituer les fonds – qui restent donc sous son contrôle – tant que la procédure est en cours. Quant à la garantie offerte, par écrit, par le gouvernement nigérian de rendre l’argent en cas de décision défavorable de la justice européenne, elle a été balayée d’un revers de main par le Liechtenstein.
Le fils de l’ancien président rallié au PDP
Une position "scandaleuse", a tonné Ngozi Okonjo-Iweala, la ministre nigériane de l’Économie et des Finances et ancienne directrice générale de la Banque mondiale, qui avait elle-même – ironie du sort – lancé l’Initiative pour le recouvrement des avoirs volés lorsqu’elle était en poste à Washington. Elle a même menacé d’utiliser les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), du 11 au 13 octobre, pour dénoncer l’attitude de la principauté.
Mais pendant que le gouvernement nigérian et la famille du dictateur s’écharpent dans les tribunaux, tout dialogue entre les deux parties n’est pas rompu, loin de là… Ainsi, Mohammed Abacha, le fils de l’ancien président, lui-même accusé d’avoir joué un rôle clé dans les détournements et à qui l’on prête des ambitions politiques dans l’État de Kano (nord du pays), s’est rallié au Parti démocratique populaire (PDP, au pouvoir) en septembre. Profondément divisé entre nordistes et sudistes, le PDP a semble-t-il besoin d’alliés dans le septentrion nigérian.
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