Hanna Tetteh : « Notre pays a toujours été à l’avant-garde de l’intégration régionale »

Mali, Côte d’Ivoire, Union africaine… La chef de la diplomatie revient sur le rôle du Ghana sur l’échiquier politique du continent.

Hanna Tetteh, chef de la diplomatie du Ghana. © THOS ROBINSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Hanna Tetteh, chef de la diplomatie du Ghana. © THOS ROBINSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

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Publié le 18 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Ghana : la démocratie à l’épreuve
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Ghana : la démocratie à l’épreuve

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Née en Hongrie, Hanna Serwaa Tetteh, 46 ans, est avocate. Avant d’être nommée chef de la diplomatie en janvier par le président John Dramani Mahama, elle dirigeait le portefeuille du Commerce et de l’Industrie dans le précédent gouvernement, depuis 2009. Proche de Mahama, elle était sa responsable de communication pour la campagne présidentielle de 2012. Lors des élections législatives cette même année, elle a été élue députée, sous les couleurs du Congrès national démocratique (NDC, parti présidentiel).

Jeune Afrique : Pourquoi l’implication militaire du Ghana au Mali n’a-t-elle pas été plus importante ?

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HANNA TETTEH : Simplement parce que nous n’en avions pas les capacités. Une part importante de nos troupes participe aux opérations de maintien de la paix des Nations unies. Sur le plan politique, nous soutenons les efforts pour consolider la paix, et le Ghana peut être un exemple pour le Mali. C’est notre système de gouvernance locale qui nous a aidé à garder notre stabilité, car il permet aux localités d’être impliquées dans la prise de décisions. C’est pourquoi nous sommes prêts à fournir une assistance technique pour le développement du Mali. S’il y a bien une leçon à retenir de cette crise, c’est qu’il faut prendre toutes les mesures pour renforcer la démocratie dans la région afin de créer un système de gouvernance plus efficace.

La diplomatie ghanéenne a longtemps été définie par le panafricanisme et le non-alignement. Qu’en est-il aujourd’hui ?

C’est encore le cas, mais, dans la configuration actuelle et pour un pays qui a été à l’avant-garde de l’intégration régionale et continentale, il est important de construire des relations à travers les continents.

Que répondez-vous à ceux qui, au sein de l’opposition, estiment que l’influence régionale du pays n’est plus ce qu’elle était ?

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Je ne partage pas cet avis. Nous avons la réputation de prendre des décisions raisonnables et pragmatiques. Certaines de celles que nous avons prises ont été critiquées, comme notre opposition à l’intervention militaire en Côte d’Ivoire lors de la crise postélectorale. À ce moment-là, le Ghana a estimé que le dialogue était primordial. Notre pays ne voulait pas se retrouver en première ligne d’une intervention militaire sur un terrain où, dans le cadre de la mission des Nations unies, se trouvaient déjà des troupes ghanéennes. Je pense que l’Histoire nous a donné raison.

Depuis l’élection du président Mahama, les relations avec la Côte d’Ivoire se sont beaucoup améliorées. Quelles sont les prochaines étapes de ce rapprochement ?

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Nos relations seront toujours étroites. La plupart de nos frontières sont artificielles. Certains groupes ethniques présents au Ghana le sont en nombre égal en Côte d’Ivoire. Il y a des familles liées des deux côtés de la frontière ; nos pays produisent, à eux deux, les deux tiers de la production mondiale de cacao et nous avons des raisons de coopérer dans d’autres secteurs, comme le pétrole. Si nous sommes capables de nous entendre sur des positions communes sur les plans régional et continental, cela sera mutuellement bénéfique.

Quel bilan peut-on faire des cinquante ans de l’Union africaine (UA) ?

Il faut repenser le concept de panafricanisme. Quand l’UA a été créée, l’impératif était celui des indépendances. Aujourd’hui, il faut trouver des moyens plus efficaces pour promouvoir les objectifs de développement économique. En mettant en place une zone de libre-échange, en s’attaquant aux questions de paix et de sécurité, l’Union africaine a montré son engagement. Enfin, le fait qu’elle se soit accordée, lors du dernier sommet d’Addis-Abeba, sur un document commun définissant la stratégie du continent durant les cinquante prochaines années est un pas important.

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