Le Ghana reprend son souffle
Ghana : la démocratie à l’épreuve
Jour et nuit, les sermons se sont succédé sur les ondes. Comme pour s’assurer la bienveillance divine, peu avant de connaître la décision de la Cour suprême…
Saisie par le Nouveau Parti patriotique (NPP), qui contestait les résultats de la présidentielle de décembre 2012, elle a finalement confirmé la victoire du Congrès national démocratique (NDC). Et le 29 août, jour du jugement, l’atmosphère pesante qui règnait sur Accra n’avait rien à voir avec la moiteur ambiante. Habituellement bruyantes et embouteillées, les rues étaient même étrangement désertes. Le pays semblait retenir son souffle. Le dynamisme qui avait caractérisé le Ghana tout au long de la dernière décennie s’était ralenti, et les entreprises ne dissimulaient plus leur inquiétude. Certaines parlaient même de partir. Carrément. Comme si l’ancienne Côte de l’Or avait cessé d’être ce pays de cocagne assis sur une économie suffisamment solide pour séduire les investisseurs du monde entier. Un paradoxe, alors que les exportations de pétrole et de gaz viennent s’ajouter à celles, déjà énormes et très rémunératrices, d’or et de cacao.
Mais depuis la mort brutale de John Atta Mills et l’élection présidentielle précipitée, les critiques se sont multipliées contre les autorités. Les entrepreneurs ont commencé à se plaindre de la lenteur des décisions administratives, pendant que le gouvernement tentait tant bien que mal de combler un déficit budgétaire estimé à 12 % du PIB, encore creusé par le triplement des salaires accordé à la fonction publique entre 2009 et 2012. Une décision qui a poussé l’agence de notation Fitch Ratings à revoir son jugement, en dégradant la note du pays de B+ à B –, compliquant encore un peu plus la tâche du gouvernement, déjà confronté à un nombre record de grèves en 2013.
D’autres signes laissent à penser que le président John Dramani Mahama n’est peut-être pas l’homme de la situation. La promesse d’amélioration de l’approvisionnement électrique est restée lettre morte. Les travaux de la future centrale, gérée par Sinopec et Ghana National Gas, ont cessé en avril, lorsque les ouvriers ont arrêté de travailler après les retards de paiement des salaires. Il a fallu attendre le versement d’un prêt de 188 millions de dollars (139 millions d’euros) par la China Development Bank pour que le chantier puisse finalement reprendre.
Les scandales de corruption continuent d’éclater. Un rapport vient de révéler l’évaporation de 600 millions de dollars dans divers contrats passés par l’Agence ghanéenne pour l’emploi des jeunes et le développement des entreprises (GYEEDA). L’argent aurait été utilisé pour faire la claque durant les élections. Plutôt que de couper les têtes, Mahama a simplement demandé le remboursement de la somme.
Bien sûr, le potentiel du Ghana reste intact. La manière dont le pays a géré le contentieux électoral, devant des médias libres et indépendants, témoigne de sa solidité démocratique. Maintenant que la victoire de Mahama est confirmée et que son opposant Nana Akufo-Addo a accepté le verdict, les blessures politiques ont cicatrisé tandis que les embouteillages ont repris dans la capitale. Signe de bonne santé ! « La période de grâce est terminée et aucune excuse ne sera désormais tolérée », a cependant prévenu l’un des principaux éditorialistes du pays, pourtant ardent supporteur de Mahama.
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