Simandou : Rio Tinto et WCS dans une impasse face au mur Doumbouya
Relancée en mars, l’exploitation du plus grand gisement de fer au monde est à nouveau à l’arrêt. La raison ? Le non-respect par Rio Tinto et par Winning Consortium de l’ultimatum du chef de la transition en Guinée, Mamadi Doumbouya.
À la mi-juin, Mamadi Doumbouya, qui s’est fait investir président de la transition à la suite d’un coup d’État militaire en Guinée, a imposé un délai de 14 jours à Rio Tinto et au Winning Consortium Simandou (WCS) pour créer une coentreprise dédiée à l’exploitation du gisement de fer du Simandou. Mais trois semaines plus tard, alors que rien n’a été fait, la tension est montée d’un cran.
Dans un communiqué rendu public le 4 juillet, le comité stratégique du projet Simandou, dirigé par le chef de la junte au pouvoir, a décidé d’ordonner l’arrêt « avec effet immédiat » de toutes les activités de la compagnie minière anglo-australienne et de l’entreprise sino-singapour-guinéenne sur les blocs 1, 2, 3 et 4 du plus grand gisement de fer au monde.
La Guinée « disposée à échanger »
« Après des mois d’âpres négociations avec les dirigeants de ces deux entités », les autorités de transition pointent le non-respect des délais. « Les partenaires ne font guère montrer leur disposition à respecter leurs engagements. […] Ils rechignent toujours à signer les statuts de création de la coentreprise », conteste le comité stratégique.
Pour Mamadi Doumbouya, le blocage est entretenu par les deux entreprises minières au détriment de l’intérêt du projet, et particulièrement en ce qui concerne la formulation des modalités de la participation de l’État dans la coentreprise. « Winning Consortium Simandou (WCS) et Rio Tinto Simfer s’entendent pour dénier à la Guinée ses droits de coactionnaire et en même temps faire obstruction au développement du projet », fustige le chef de la junte au pouvoir.
« Nous constatons un décalage entre votre vision de la mise en œuvre des termes de l’accord-cadre, et nos attentes. Cette situation est non seulement regrettable, mais aussi inacceptable pour l’État guinéen », avait-il déclaré, le 17 juin. Aujourd’hui, il dit maintenir « les portes de la discussion ouvertes », soulignant que « la Guinée reste disposée à échanger avec de nouveaux partenaires » pour créer la coentreprise et avancer dans l’exploitation du projet Simandou.
Construction d’un chemin de fer
Après avoir rassuré les groupes étrangers sur le maintien de leur convention, Mamadi Doumbouya, insatisfait des retombées économiques, n’hésite pas à faire pression pour établir les conditions d’investissement et de réalisation des infrastructures du projet minier Simandou. En mars, désireux de voir « les intérêts nationaux […] préservés par [l]es exploitants étrangers », il avait ordonné la cessation de toute activité sur le site de l’immense gisement de fer.
>>> À lire sur Africa Business+ – Simandou/ultimatum : pourquoi le colonel Doumbouya a retoqué la proposition de Simfer/WCS <<<
Un coup de pression qui s’est soldé par la conclusion de l’accord après moins de deux semaines de négociations très tendues. Le gouvernement guinéen et les acteurs privés ont signé un accord sur la réalisation d’un chemin de fer de Beyla à Forecariah (670 km) reliant les quatre blocs du gisement au port en eau profonde de Moribaya. Ce contrat stipule aussi la création d’une coentreprise pour développer, de commun accord, le projet, outre l’octroi de 15 % du chemin de fer et du port à l’État, en plus des 15 % du minerai qu’il avait déjà.
La compagnie minière anglo-australienne et l’entreprise sino-singapour-guinéenne s’étaient également engagées à achever la construction des infrastructures en décembre 2024 avant de démarrer la production commerciale du Simandou au plus tard fin mars 2025. À ce rythme, les deux partenaires risquent des pénalités allant jusqu’au retrait de leur titre minier.
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