Black Fashion Week : Adama Ndiaye, l’étoffe des battantes
Adama Ndiaye, styliste sénégalaise renommée, est à l’origine de la Black Fashion Week qui s’est tenue à paris du 4 au 6 octobre. Elle milite contre le racisme dans le monde de la mode.
Pour la deuxième année consécutive, Paris a accueilli (du 4 au 6 octobre au Pavillon Cambon, Paris 1er), la Black Fashion Week (BFW), une semaine de la mode qui a pour but de promouvoir la beauté et les créateurs de la diversité. Sur trois jours, c’est toute une partie du gratin de la communauté noire de France qui s’y est pressée. La chanteuse franco-malienne Inna Modja, bien sûr, égérie de la semaine, mais aussi le chanteur Singuila, l’historien François Durpaire, l’artiste plasticien Alexis Peskine, la Princesse Esther Kamatari, le chanteur Sango, l’acteur Cyril Gueï, Miss Black France 2012, Mbathio Beye, l’animateur de radio Claudy Siar, et le chanteur congolais Fally Ipupa, etc…
Une dizaine de stylistes venus de plusieurs pays – Mali, Niger, Liban, Moldavie… – ont présenté leurs collections avec des succès divers. Mais il y eu – au moins – trois moments forts avec les défilés du célèbre couturier nigérien Alphadi et de l’Ivoiro-Libanais Elie Kuame, qui ont tous deux misé sur le blanc, et celui du Camerounais Martial Tapolo, qui a rendu hommage aux tenues de chefs traditionnels africains.
Derrière l’événement : Adama Amanda Ndiaye, une styliste de 37 ans. "Le mot Black est juste un statement [formulation, NDLR], il sert à interpeller", dit-elle. L’an dernier, une partie de la presse française avait pointé le "sectarisme" de la BFW. Cette fois, c’est elle qui a dégainé la première. "Fini le politiquement correct, je dis ce que je pense et tant pis pour ceux à qui cela déplaît. "Dans une récente tribune publiée sur Internet, elle a qualifié la traditionnelle Fashion Week Parisienne de "ségrégationniste" et a appelé au boycott de créateurs au "racisme rampant".
>> Lire aussi : Mode et racisme : "Be my slave", la mode au centre d’une nouvelle polémique sur l’esclavage
La "diversité", Adama baigne dedans depuis son enfance. Elle est née à Kinshasa, de parents sénégalais. Grâce à son père, diplomate, elle a grandi entre la RDC, la Belgique, l’Italie, l’Égypte, la Côte d’Ivoire, la France… "On déménageait tous les deux ans et il fallait à chaque fois s’intégrer dans une nouvelle école. Inconsciemment, j’ai développé une certaine combativité…"
Et il lui en a fallu une bonne dose, après son bac et des études d’économie en France, pour se lancer dans la mode, en créant sa marque Adama Paris. Puis pour lancer, dès 2002, la première Fashion Week de Dakar. "Là-bas aussi, on me regardait comme une extra-terrestre. Je n’avais ni le look ni la couleur, ni la taille : trop noire, trop afro. Ce n’est qu’avec le temps et la notoriété que les gens m’ont acceptée comme je suis."
________
Par Haby Niakaté
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Culture
- Esclavage : en Guadeloupe, un nouveau souffle pour le Mémorial ACTe ?
- Fally Ipupa : « Dans l’est de la RDC, on peut parler de massacres, de génocide »
- RDC : Fally Ipupa ou Ferre Gola, qui est le vrai roi de la rumba ?
- Francophonie : où parle-t-on le plus français en Afrique ?
- Pourquoi tous les Algériens ne verront pas le film sur Larbi Ben M’hidi