Au Soudan, Burhane échoue à convaincre l’opposition

Le chef de la junte a annoncé en début de semaine son intention de permettre la formation d’un gouvernement civil. Mais l’opposition, toujours très mobilisée dans la rue, exige le retrait sans condition des militaires de la vie politique.

Le chef de la junte au Soudan, Abdel Fattah al-Burhane, lors du 39e sommet extraordinaire de l’Igad à Nairobi, le 5 juillet. © TONY KARUMBA/AFP

Publié le 7 juillet 2022 Lecture : 2 minutes.

Après avoir créé la surprise en début de semaine, en annonçant son intention de laisser la place à un gouvernement civil en remplaçant le Conseil souverain, qu’il préside, par un Conseil suprême des forces armées, qui sera chargé seulement des questions de sécurité et de défense, le général Abdel Fattah al-Burhane est passé à l’action. Il a limogé, le 6 juillet, les cinq membres civils du Conseil souverain qu’il avait lui-même nommés et qui passaient pour ne jouer qu’un rôle mineur.

Les Forces de la liberté et du changement (FLC), véritable colonne vertébrale du gouvernement civil limogé lors du putsch du 25 octobre 2021, voient toutefois dans cette annonce du général Burhane « une trahison » et un moyen pour l’armée, aux commandes du Soudan quasiment sans interruption depuis l’indépendance en 1956, de garder la haute main sur la politique et l’économie.

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Pression populaire

Les FLC ont donc appelé à « maintenir la pression populaire » contre le pouvoir militaire, après presque une semaine de sit-in dans la capitale et ses banlieues. Lors de la « révolution » qui a renversé en 2019 Omar el-Béchir, les manifestants avaient maintenu leurs sit-in huit mois durant. Ils avaient alors obtenu de l’armée qu’elle partage le pouvoir avec les civils pour mener le pays vers ses premières élections démocratiques. Mais le putsch d’octobre a brutalement changé la donne.

Dès le 4 juillet au soir, et malgré la mort quelques jours plus tôt de neuf manifestants dans la répression, de nouvelles barricades ont été montées dans les rues de Khartoum et de sa périphérie. Le mouvement a depuis gagné d’autres villes. Des centaines de personnes ont lancé un nouveau sit-in à 200 kilomètres plus au sud, à Wad Madani, ont rapporté des témoins.

114 manifestants tués depuis octobre

La communauté internationale pousse depuis des mois civils et militaires à négocier un retour vers la transition démocratique, lancée en 2019 et interrompue par le putsch. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dit espérer que l’annonce du général Burhane « crée une opportunité pour obtenir un accord », tout en appelant à « une enquête indépendante sur les violences », dans un communiqué publié le 5 juillet. Mais pour Yasser Arman, cadre des FLC, « le discours de Burhane s’adresse surtout à la communauté internationale dont certains membres veulent des solutions rapides privilégiant la stabilité à la démocratie ». Selon un syndicat de médecins prodémocratie, 114 manifestants ont été tués et des milliers blessés dans la répression depuis octobre.

L’homme fort de Khartoum s’est lui rendu à Nairobi pour « une réunion urgente » des chefs d’État de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), l’organisation régionale de l’Afrique de l’Est. Il y a discuté avec le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, après un nouvel incident frontalier entre les deux pays qu’opposent plusieurs contentieux.

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