Centrafrique : Séléka, sans foi ni loi

Les anciens rebelles de la Séléka ne respectent rien ni personne. Pas même l’homme qu’ils ont installé au pouvoir, Michel Djotodia.

Dans les rangs de la Séléka, beaucoup de ralliés de la dernière heure, incontrôlables… © Patrick Fort/AFP

Dans les rangs de la Séléka, beaucoup de ralliés de la dernière heure, incontrôlables… © Patrick Fort/AFP

VINCENT-DUHEM_2024

Publié le 8 octobre 2013 Lecture : 1 minute.

Depuis sa création en août 2012, la composition et les rapports de force au sein de la Séléka, cette alliance de circonstance, ont évolué. Au moment des premières offensives de décembre 2012, la Séléka "originelle" était composée principalement de trois factions rebelles : l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), de Michel Djotodia, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), de Nourredine Adam, et la Convention patriotique du salut kodro (CPSK), de Mohamed-Moussa Dhaffane. Pour parvenir à leurs fins, les deux premiers ont recruté des centaines de mercenaires tchadiens et soudanais.

Des seigneurs de guerre autoproclamés colonels

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Il y avait alors un peu plus de 5 000 hommes. Comment est-on arrivé au chiffre de 25 000 éléments avancé par les nouvelles autorités ? Selon la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), "cette croissance s’explique par le ralliement d’individus désoeuvrés appâtés par l’argent et le pouvoir […] au moment où la Séléka acheminait le fruit de son pillage dans ses villes et villages au Tchad, au Soudan, au Soudan du Sud et au nord de la Centrafrique".

Trait d’union entre les différentes entités rebelles, désigné chef parce que son mouvement était le plus puissant, le président de la transition, Michel Djotodia, a rapidement perdu la main. Nommé à la tête des services de renseignements fin août, Noureddine Adam est le seul historique à avoir gardé une véritable emprise sur les seigneurs de guerre.

Sur le terrain, ces rebelles autoproclamés "colonel" ou "général" font la loi. Ils s’organisent par zone ou district, contrôlent des groupes allant d’une dizaine à une centaine d’hommes, établissent des barrages, rackettent la population. Leurs liens de subordination avec les leaders de l’ex-rébellion sont plus ou moins lâches. "Le tout ne forme pas un ensemble uniforme. Il y a un contraste entre la Séléka historique principalement centrafricaine et ses membres étrangers qui, aujourd’hui majoritaires, se comportent comme en pays conquis", confie un diplomate. Au point que la tension entre les deux entités est, par endroits, palpable.

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