Soudan : Omar el-Béchir et son quarteron de fidèles
Face à la contestation populaire, Omar el-Béchir compte dur comme fer sur son armée. Problème : sa cohésion s’effrite.
Le Printemps arabe, les émeutes de ces derniers jours contre la vie chère… Le cocktail est détonant, mais, à l’heure où nous écrivons, Omar el-Béchir, le président soudanais âgé de 69 ans, tient toujours. Son secret ? L’alliance du glaive et du Coran. Après son putsch de juin 1989, le parachutiste a ouvert les allées du pouvoir aux islamistes. C’était un pacte de sang. En avril 1990, El-Béchir a fait exécuter 28 officiers pour complot et a radié 3 000 autres cadres de l’armée (un tiers du corps des officiers).
Aujourd’hui, celle-ci est très largement islamisée. Et d’autant plus fidèle au régime qu’elle s’est enrichie. Omar el-Béchir a cédé aux militaires des pans entiers de l’économie (secteurs parapétrolier, automobile, etc.). Comme en Égypte, ils ne veulent perdre leurs privilèges pour rien au monde.
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La sécession humilie les officiers
Le fait nouveau, c’est que l’armée est divisée. Depuis l’indépendance du Soudan du Sud, en juillet 2011, beaucoup d’officiers se sentent humiliés. Cinquante ans de conflit et des milliers de martyrs pour en arriver là ? Omar el-Béchir, l’ancien combattant de la guerre du Kippour – aux côtés de l’armée égyptienne -, y a laissé une bonne partie de son prestige.
Pour ne rien arranger, la sécession a fait perdre au régime les trois quarts de ses revenus pétroliers. Comme les puits sont dans le Sud et que l’oléoduc transite par le Nord, Khartoum garde encore quelques gages financiers. Mais en janvier 2012, Djouba a décidé d’arrêter sa production pétrolière. Sur le coup, tout le monde a cru que Salva Kiir, le président sud-soudanais, se tirait une balle dans le pied. En réalité, son calcul était machiavélique. Il a deviné que son voisin du Nord, en perdant les bénéfices de son droit de passage, ne pourrait plus subventionner les produits de première nécessité et serait fragilisé. Aujourd’hui, les émeutes de Khartoum ravissent Djouba…
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Une confiance aveugle envers Bakri Hassan Saleh
Sur qui El-Béchir peut-il encore s’appuyer ? D’abord sur un compagnon de toujours, le général Bakri Hassan Saleh. Complice du putsch de 1989, tour à tour à la Défense et à l’Intérieur, Bakri est aujourd’hui ministre des Affaires présidentielles. Omar el-Béchir a en lui une confiance aveugle. En décembre, à l’issue d’une conférence nationale réunissant quelque 5 000 islamistes, il l’a même imposé au poste clé de numéro deux du Mouvement islamique, partenaire du Parti du congrès national (au pouvoir).
Autre fidèle, le général Abdelrahim Mohammed Hussein, ministre de la Défense. "Mais c’est un technocrate, pas un ancien soldat commando comme Bakri, précise Rashid Saeed Yagoub, le rédacteur en chef soudanais de la lettre d’information TTU Monde arabe. Quand une crise éclate dans l’armée, c’est Bakri qui s’en occupe." Combien de temps El-Béchir va-t-il tenir ? Sans doute jusqu’à ce que l’armée lui trouve un remplaçant… dans ses propres rangs.
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