Cameroun : Samuel Kleda, archevêque et guérisseur
Génial inventeur pour les uns, apprenti sorcier pour les autres, l’archevêque de Douala divise autant qu’il intrigue. Portrait d’un prélat thaumaturge, qui égratigne volontiers le pouvoir de Paul Biya et n’est jamais aussi heureux qu’au milieu de ses plantes et décoctions médicinales.
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Samuel Kleda est propulsé sur le devant de la scène en 2017, avec la mort de l’évêque de Bafia, Mgr Jean-Marie Benoît Balla, dans des conditions troubles. © Max Mbakop
Il y a peu de chances que Mgr Samuel Kleda soit un jour créé cardinal. Anticipant le retrait du Camerounais Christian Tumi, finalement décédé en avril 2021, le pape François a désigné dès 2016 le « jeune » Dieudonné Nzapalainga, l’archevêque de Bangui âgé de seulement 55 ans, pour lui succéder sur ce siège cardinalice d’Afrique centrale.
Mais que se passerait-il si le souverain pontife, connu pour ses ambitions réformatrices, décidait d’augmenter la dotation de la sous-région ? L’archevêque de Douala se prend-il parfois à rêver de faire son entrée au sein du si puissant Collège des cardinaux ? Au Cameroun, Samuel Kleda est ce que l’on pourrait appeler une « identité remarquable ». Natif de Golompwi, dans le département du Mayo-Danay (Extrême-Nord), il vient de ce septentrion majoritairement animiste quoique fortement marqué par l’islam qui n’a produit que trois évêques dans l’histoire de l’Église catholique camerounaise.
Samuel Kleda, 63 ans, a encore du temps pour bénéficier des bonnes dispositions du pape argentin à l’égard des prélats non européens. Et puis, François paraît faire si peu de cas de la science théologique doctorale ou du rayonnement politique de tel ou tel évêque… Et c’est peu dire que le Camerounais est atypique. « Il ne fait même pas partie du sérail, résume Lazare Kolyang, un journaliste qui lui est proche. Il n’est pas de ces religieux qui se bousculent dans les salons pour obtenir les faveurs des ministres et des directeurs généraux. »
Il fait du « Tumi »
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