Libye : Bachagha affirme vouloir entrer à Tripoli « dans les prochains jours »
Le Premier ministre désigné par le Parlement et soutenu par le maréchal Khalifa Haftar assure qu’il prendra ses fonctions prochainement dans la capitale.
Le Premier ministre libyen désigné par le Parlement, Fathi Bachagha, a affirmé qu’il entrera dans la capitale et prendra ses fonctions « dans les prochains jours », dans un entretien à l’AFP réalisé ce vendredi 8 juillet depuis son QG provisoire, dans la ville de Syrte, à 450 km à l’est de Tripoli.
L’homme politique de 59 ans a été désigné en février par le Parlement basé dans l’est libyen pour former un gouvernement en remplacement de l’exécutif de Tripoli (ouest) dirigé par Abdelhamid Dabaiba, mis en place un an plus tôt dans le cadre d’un processus de paix parrainé par l’ONU pour sortir le pays de plus d’une décennie de chaos.
L’exécutif d’Abdelhamid Dabaiba devait conduire le pays à des élections législatives et présidentielle en décembre, mais celles-ci ont été reportées sine die pour des divergences sur la base juridique du scrutin et la présence de candidats controversés. Et Dabaiba refuse de remettre le pouvoir avant la tenue d’élections. Fathi Bachagha, soutenu par le Parlement et par le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, estime que le gouvernement de Tripoli est « illégitime »: « son mandat est terminé et il n’a pas réussi à organiser des élections ».
Mi-mai, Bachagha avait annoncé en pleine nuit son entrée à Tripoli. Des combats avaient alors éclaté entre groupes armés fidèles à l’un ou l’autre, se soldant par la mise en échec de sa tentative de déloger son rival. S’il s’est retiré, c’est pour éviter l’effusion de sang, affirme-t-il, sans pour autant renoncer à prendre ses fonctions. « Toutes les routes vers Tripoli sont ouvertes et, si Dieu le veut, nous y serons dans les prochains jours », assure-t-il.
Bachagha et Dabaiba sont soutenus par différents groupes armés dans la capitale, mais « certaines forces armées ont changé de position », selon Fathi Bachagha.
Symptomatique du chaos libyen
La présence de deux gouvernements rivaux est symptomatique du chaos auquel la Libye est en proie depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, marqué par de profondes divisions entre institutions rivales de l’Est et l’Ouest.
Bien qu’il soit appuyé par le camp de l’Est, Fathi Bachaga est un notable de Misrata, dans l’ouest libyen, tout comme son rival. Ancien formateur de pilotes d’avions, il s’était fait connaître durant son passage à la tête du ministère de l’Intérieur de 2018 à début 2021. Mais il est aujourd’hui au cœur d’une grave crise institutionnelle qui fait craindre une nouvelle guerre civile.
S’il exclut ce scénario, Fathi Bachagha pense qu’ »il pourrait y avoir du chaos à cause des manifestations qui demandent qu’il y ait un seul gouvernement qui puisse unir les Libyens ».
Début juillet, des manifestations ont eu lieu à travers le pays contre la dégradation des conditions de vie, les coupures de courant et pour exiger le renouvellement de la classe politique, Dabaiba et Bachagha compris. Des contestataires ont notamment forcé l’entrée du Parlement, basé à Tobrouk (est), avant d’y mettre le feu.
Coupures de courant et blocus
Depuis mi-avril, des partisans du maréchal Haftar bloquent des installations pétrolières clés comme moyen de pression pour déloger l’exécutif de Tripoli.
Le blocus provoque aussi une baisse de la production de gaz pourtant nécessaire à l’approvisionnement du réseau électrique, prolongeant un peu plus la durée des coupures d’électricité. Il n’y a « aucun lien » entre coupures et blocus, se défend Fathi Bachagha, pour qui ses auteurs « lèveront le siège » dès qu’ils « seront sûrs que les revenus n’iront pas à la corruption ».
Alors que le conflit a été largement alimenté par les ingérences extérieures, Fathi Bachagha appelle l’ONU à « adopter des solutions qui fonctionnent pour les Libyens plutôt que pour les États qui interfèrent en Libye ».
« Nous avons réussi à éviter toute confrontation militaire, mais la Libye ne peut rester ainsi éternellement. Il faut une solution », met-il en garde.
Avec AFP
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