Joseph Maïla : l’Unesco, « un grand centre d’expertise dynamique, pas un musée ! »
En lice pour la direction générale, l’universitaire libanais Joseph Maïla, loin d’être favori, expose ses atouts.
Unesco : la bataille de Fontenoy
Le Libanais Joseph Maïla, 64 ans, ne part pas favori pour le poste de directeur général. Pourtant, cet universitaire de renom – à la tête de la direction de la prospective du ministère français des Affaires étrangères de 2010 à 2013 – a des arguments en sa faveur. Mais il n’a pu obtenir le soutien de la France… Son projet ? "Faire en sorte que l’Unesco ne devienne jamais un bien inscrit au patrimoine mondial et redevienne un acteur de l’avenir."
Jeune afrique : Pourquoi cette candidature ?
Joseph Maïla : Je me présente à la demande du président de la République, au nom du Liban, pays de pluralisme et de diversité où la culture de la convivialité reste plus forte que la haine.
Rachad Farah dit avoir le soutien de la Ligue arabe…
La Ligue arabe a déclaré son soutien à Rachad Farah quand il était le seul candidat d’un pays membre. Les choses ont pu changer depuis ! En 2009, Irina Bokova ne partait pas favorite, elle a été élue par accident. Nombre de directeurs généraux ont commencé leur campagne avec un faible nombre de voix. Étant universitaire, ma candidature renoue avec la volonté originelle de l’organisation de recourir à des personnalités des mondes scientifique, culturel et éducatif aptes à comprendre leurs valeurs. Irina Bokova et Rachad Farah ont fait de belles carrières diplomatiques, mais ils sont loin de correspondre à ce profil.
Que proposez-vous pour résoudre les troubles que traverse l’organisation ?
L’institution connaît une crise profonde, aux niveaux de sa mission, de sa vision et de sa gestion. Ses difficultés financières ne font que révéler cette grande crise existentielle. Je propose de refaire de l’Unesco un centre majeur d’expertises culturelle et scientifique, en organisant des rassemblements d’intellectuels et de chercheurs suivis de recommandations concrètes. L’Unesco doit jouer un rôle majeur dans la réhabilitation des sociétés postconflit. Le patrimoine en est un bon outil, mais il faut impérativement le réintégrer dans une dynamique sociale en le sortant de son aspect muséal.
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Propos recueillis par Laurent de Saint Périer
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