Enfin une vraie élection en Guinée
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 24 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.
En Guinée, l’Histoire avance avec des prudences de félin. Après la première élection présidentielle libre depuis l’indépendance (2010), il aura fallu attendre trois ans pour qu’enfin le mirage des législatives devienne réalité. Rarement processus électoral aura été aussi contrôlé que celui-ci : la sécurisation du fichier et celle des opérations de vote ont été validées de bout en bout par un comité technique de suivi, au sein duquel cohabitent les représentants du pouvoir et de l’opposition ainsi que ceux de l’Union européenne et de l’Organisation internationale de la francophonie, le tout sous supervision onusienne – difficile de faire plus électoralement correct. Autant dire que celui qui prendrait cette fois l’initiative de faire capoter les premières législatives démocratiques depuis cinquante-cinq ans ne serait suivi ni par la communauté internationale ni par la majorité des Guinéens.
Au demeurant, et même si elle conteste les données du rééquilibrage des inscriptions en faveur de l’électorat de Haute-Guinée, ce fief du président Alpha Condé qui fut, en 2010, pénalisé par l’ancien fichier électoral, l’opposition a jusqu’ici su faire preuve d’esprit de responsabilité, à la mesure des concessions consenties par le pouvoir. "Personne ne veut voir se reproduire les dérapages passés et personne ne comprendrait que des déclarations politiciennes viennent à nouveau raviver les tensions", avertit le Sénégalais Ousmane Paye, conseiller et émissaire d’Abdou Diouf à Conakry.
Le 28 septembre [le scrutin devait se tenir initialement le 24 septembre, NDLR], environ 5 millions d’électeurs seront convoqués devant les urnes pour élire 114 députés parmi 1 800 candidats, sur la base d’un scrutin mixte juxtaposant majoritaire et proportionnelle. Sans être devin, on sait à l’avance que le résultat en sera largement bipolaire, le parti d’Alpha Condé et ses alliés l’emportant en Haute-Guinée et vraisemblablement en Guinée forestière, tandis que celui de Cellou Dalein Diallo devrait rafler la mise en Moyenne-Guinée. Conakry et la Basse-Guinée, où Sidya Touré a implanté sa formation, joueront le rôle d’arbitre.
Logiquement, l’opposition a placé sa campagne sur le thème du bilan, à ses yeux négatif, du chef de l’État, en préfiguration de l’échéance présidentielle de 2015. "J’y suis prêt, confie Alpha Condé à J.A. Les Guinéens ne sont pas amnésiques, ils savent comment mes adversaires ont géré ce pays sous les militaires : un désastre." Bilan contre bilan, arguments contre arguments et non plus ethnie contre ethnie : enfin une vraie élection !
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