Guinée : Aboubacar Sidiki Camara, encore plus puissant que Mamadi Doumbouya ?
Adroit et influent, le ministre délégué à la Défense a su se rendre indispensable à la transition. Et certains lui prêtent de très hautes ambitions.
C’est une rumeur dont Mamadi Doumbouya se serait sans doute bien passé. Alors que son ministre de la Défense, Aboubacar Sidiki Camara, vient tout juste d’atterrir en Guinée, ce 18 juin, tout Conakry s’interroge. Le ministre est-il parti négocier chez les Français l’implantation d’une base militaire sur le territoire national ? Depuis plusieurs semaines, le bruit d’un pareil accord courait dans la capitale. Doumbouya « le Français », celui qui fut légionnaire, pourrait-il donner à l’ancienne puissance colonisatrice une base de repli dans une région où elle est de moins en moins la bienvenue ?
Aboubacar Sidiki Camara s’en est défendu devant la presse à son retour. Brandissant face caméra la lettre d’invitation de l’ex-ministre française des Armées Florence Parly, le général à la retraite l’assure : il est parti à Paris – son premier voyage officiel en tant que membre du gouvernement de transition – pour participer au salon Eurosatory, grand-messe des équipementiers militaires qui se tient tous les deux ans dans la capitale française. C’est tout. « On n’établit pas une base étrangère via un ministre délégué à la Défense nationale, balaie Aboubacar Sidiki Camara. C’est la prérogative du ministre des Affaires étrangères. » Ce voyage, qui se voulait discret, n’a pourtant pas manqué de faire réagir. D’autant plus que le ministre en a profité pour rencontrer le chef d’état-major des armées français, avec qui il a discuté situation sécuritaire et coopération bilatérale.
La « légende » Idi Amin
Aboubacar Sidiki Camara connaît très bien la France, pour y avoir effectué l’essentiel de son cursus militaire, dont une formation de parachutiste à Pau, la prestigieuse École de Saint-Cyr et l’Institut des hautes études de défense nationale. « Il a tout fait là-bas : de l’école des officiers de gendarmerie à l’École de guerre », observe un gradé. La première femme et certains enfants du général à la retraite y vivent aussi depuis des années. « C’est le chouchou des Français – qui l’apprécient sans doute encore plus qu’ils n’apprécient Doumbouya », juge un spécialiste des questions de défense. À la différence du président de la transition, sorti de nulle part ou presque avant de s’emparer des rênes du pays, le nouveau ministre est bien connu de tous ceux qui ont côtoyé l’armée guinéenne de près ou de loin.
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