Angola : le Cabinda, un problème insoluble ?
C’est l’une des plus anciennes rébellions du continent, née dans le sillage de la lutte pour l’indépendance et alimentée par les convoitises pétrolières. Divisé mais toujours là, le Flec a appelé au boycott des élections générales du 24 août. Retour sur une guérilla qui survit vaille que vaille depuis près de soixante-dix ans.
Publié le 14 juillet 2022 Lecture : 2 minutes.
C’est une anomalie géographique, une enclave angolaise coincée entre la RDC et le Congo. Une anomalie géologique aussi, surnommée le « Koweit africain » en raison de ses immenses réserves de pétrole. Ses 7 283 km2 en partie noyés dans la forêt du Mayombe et son sous-sol marin ont permis à Luanda de se hisser parmi les plus grands producteurs d’or noir du continent et n’ont cessé de susciter les convoitises. Le Cabinda est également le théâtre, depuis près de soixante-dix ans, d’un conflit larvé mené aujourd’hui par un groupe de séparatistes qui revendiquent l’autonomie de leur territoire dans une indifférence presque générale.
Pourtant, et malgré la mort en 2016 du leader historique du Front de libération de l’enclave de Cabinda (Flec), Nzita Henriques Tiago, le mouvement existe toujours et revendique encore quelques actions et attaques chaque année. De son côté, l’armée angolaise continue de quadriller la zone, à la poursuite des combattants du Flec, et est régulièrement accusée d’abus et de détentions arbitraires.
Régime fiscal plus avantageux
Début février, Estanislau Boma, qui dirige la branche armée de la rébellion, a appelé les Cabindais à ne pas se rendre aux urnes pour le scrutin du 24 août. Quelques jours plus tard, le gouvernement angolais, qui a pourtant pour habitude de nier l’existence de troubles dans cette partie du pays, a admis que des attaques avaient été perpétrées non loin de la frontière congolaise, dans une zone qui sert de base arrière aux indépendantistes.
Début juillet, le Parlement angolais a par ailleurs approuvé, à la suite d’une demande du président João Lourenço, un projet de régime fiscal plus avantageux pour la province, qui souffre de son isolement géographique. Cette décision intervient quelques semaines avant l’inauguration d’une toute nouvelle – et stratégique – raffinerie dans la ville de Cabinda, et il ne faudrait surtout pas que les séparatistes viennent y jouer les trouble-fête.
Du royaume Kongo à la guerre civile angolaise, des colons portugais au Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) en passant par quelques sulfureux mercenaires français et américains, retour sur un interminable conflit au parfum de pétrole.