Il est comment le dernier Dany Laferrière ?

Dany Laferrière sort un nouvel ouvrage, à mi chemin entre l’autobiographie et le recueil de conseils pour écrivains.

Le narcissisme de Dany Laferrière est palpable dans chacune de ses oeuvres. © FRANCOIS GUILLOT / AFP

Le narcissisme de Dany Laferrière est palpable dans chacune de ses oeuvres. © FRANCOIS GUILLOT / AFP

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Publié le 13 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Dany Laferrière ne s’en est jamais caché, il n’écrit que sur lui-même. "Lui, sa vie, son oeuvre", résumerait-on si l’on n’avait crainte de déprécier un peu vite la créativité de cet écrivain né à Port-au-Prince (Haïti) et contraint à un exil québécois par la dictature de Jean-Claude Duvalier au milieu des années 1970. Une vingtaine de livres ont suivi la parution de son premier roman (Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, 1985) et jamais il n’a paru s’éloigner de son sujet. Tous, confiait-il d’ailleurs en 2011 à l’hebdomadaire français Télérama, font partie de "son autobiographie américaine". "Disons qu’il s’agit d’un autoportrait, composé d’une douzaine de romans – et, plus largement, de l’intégralité de mes livres", avait-il soin de préciser.

Lui, sa vie, son oeuvre

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Le Journal d’un écrivain en pyjama, paru en 2013 aux éditions Grasset, est un ouvrage inclassable au narcissisme assumé, à mi-chemin entre l’essai et la chronique. Une succession de courts chapitres (plus de 200), qui sont autant de conseils dispensés avec une plaisante désinvolture par un homme que l’on devine à la fois esthète et dandy. Il y flotte une odeur de fruits trop mûrs (une corbeille de bananes et de mangues oubliées dans la chaleur de l’après-midi), tandis que résonne le tchak-tchak d’une vieille Remington. Et tout y passe : la page blanche qu’il faut apprendre à contourner, les dialogues dont il faut user avec modération, les descriptions ("Éviter les longues descriptions. Le lecteur d’aujourd’hui n’a pas la patience de celui du siècle dernier qui ne bénéficiait pas d’autant de propositions de loisirs"), les adjectifs ("On doit faire bien attention à ne pas multiplier les adjectifs, c’est une épice qui coûte cher. Si un drap est déjà blanc, on n’a pas besoin d’ajouter qu’il est aussi lumineux. Plus vous ajoutez de qualificatifs, moins on vous croit."), la vraisemblance, l’humour, l’art de conclure… Si Dany Laferrière n’était si talentueux, on trouverait son Journal et ses conseils d’écriture un brin terre à terre. Limite longuets pour qui n’a pas vocation à devenir "ungrandécrivain".
Journal d’un écrivain en pyjama,
de Dany Laferrière, Grasset, 19 €
320 pages

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