Angola : João Lourenço, un second mandat pour un second souffle ?

Le président angolais, quasi assuré d’être réélu le 24 août, est confronté aux divisions de son propre camp et à une opposition qui s’enhardit. Sa priorité : se renouveler pour mieux durer.

Le président angolais João Lourenço (au c.) arrive au 33e sommet de l’Union africaine, à Addis-Abeba (Éthiopie), le 10 février 2020. © EFE/EPA/MaxPPP.

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Publié le 1 août 2022 Lecture : 5 minutes.

Après cinq années au pouvoir, il a montré son vrai visage. Et même s’il s’en défend, João Lourenço ressemble beaucoup à son prédécesseur, José Eduardo dos Santos. Le président angolais, élu en 2017 sur la promesse d’être « l’homme du miracle économique », sort d’un premier mandat éprouvant : Covid-19, contestations sociales, lutte contre la corruption semant la zizanie dans son camp et enfin décès, au début de juillet, de l’ex-président dos Santos, déclenchant des tensions avec de la famille du défunt.

Malgré cette course d’obstacles, celui que l’on surnomme « JLo » devrait, sauf coup de théâtre, rempiler pour un second mandat à l’issue des élections générales du 24 août qui l’opposent notamment à Adalberto Costa Júnior, le leader de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), opposant historique du parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA). Quelles que soient les conditions de sa réélection, João Lourenço, à la tête d’un géant pétrolier marqué par le mal-développement, n’aura d’autre choix que de se réinventer. Mais comment ?

Succès économiques

Depuis son arrivée au palais présidentiel, « JLo », né à Lobito dans le Sud du pays, à la différence de dos Santos qui était originaire de Luanda, veut imprimer sa marque en rompant avec le passé. Il connaît un certain succès. Son plus beau coup est intervenu en début de mandat lorsqu’il a lancé, tambour battant, une croisade anti-corruption – toujours à l’œuvre – qui lui a valu d’être qualifié de « liquidateur implacable » et comparé au personnage incarné par Arnold Schwarzenegger dans Terminator. Source d’enthousiasme, ce mouvement s’est accompagné d’une modernisation de la communication présidentielle : réception des voix critiques vis-à-vis du régime, interviews régulières avec un pool de journalistes, réactivité inédite sur la page Facebook de l’exécutif…

En parallèle, João Lourenço, ministre de la Défense de 2014 à 2017, a impulsé de nombreuses réformes, en particulier sur le plan économique (libéralisation de la monnaie, privatisations, assainissement du secteur bancaire, soutien aux PME). Tous ces efforts lui permettent de disposer d’arguments pour défendre son bilan, ce que n’a pas manqué de faire le MPLA durant la campagne électorale. Parmi les réalisations : réduction de la dette publique, maîtrise de l’inflation, construction de logements, hôpitaux et écoles, financement de plus de 1 000 projets de diversification de l’économie et récupération, en trois ans, de 5 milliards de dollars d’actifs douteusement investis.

Mainmise

Le problème, c’est que le dirigeant angolais, 68 ans, pur produit du MPLA, formé en URSS comme son prédécesseur, expérimente très vite le syndrome du « chassez le naturel, il revient au galop ».

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