France – Afrique : chacun voit treillis à sa porte
Réélu, Emmanuel Macron entend repenser d’ici à la fin de l’année le dispositif militaire français en Afrique. Après les frictions sahéliennes, la définition de cette nouvelle stratégie devra employer des mots bien choisis…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 15 juillet 2022 Lecture : 2 minutes.
Chef des armées échaudé craint-il l’Afrique ? Pour la France en Afrique, la question militaire n’est jamais bien loin de la question politique et vice versa. Au moment où les dernières traces de rangers de la force antijihadiste Barkhane vont être balayées par les vents du Sahara, la France tente de redéfinir ses rapports avec le continent – et singulièrement avec le Sahel meurtri –, tout autant sur les plans de la « philosophie générale » que de la « logistique opérationnelle ». Un exercice d’équilibriste qui consiste à marcher sur des œufs de pintade, dans une Afrique francophone traversée par des sentiments anti-français, aussi nuancés soient-ils.
À l’intérieur même du Landernau français, la parole n’est pas univoque. Pour une certaine société civile – notamment une quarantaine d’associations et d’universitaires qui appellent à une refondation de la politique française au Sahel –, le « chevalier blanc » des années 2010 n’est ni guéri d’une certaine morgue postcoloniale, comme le prouve la « convocation » de chefs d’État africains au sommet de Pau en janvier 2020, ni affranchi de déclarations par trop lapidaires, ni absout de décisions mal perçues, comme l’imposition de conditions d’entrée aux forces armées maliennes à Kidal, en 2018…
Bâtir une « intimité plus forte »
Dans un discours au ministère français des Armées, en prélude d’un 14 juillet toujours ronflant, Emmanuel Macron a donc annoncé, à la veille du défilé, une nouvelle loi de programmation militaire, en même temps qu’un dispositif « repensé » en Afrique. « Une nécessité stratégique » qui esquisse des réponses à chaque type de critique.
La majorité législative macronienne, désormais relative, trouve-t-elle la France trop dépensière sur le continent ? Des dispositifs militaires « moins posés » devront permettre une redéfinition du budget pour la période 2024-2030, au-delà du second quinquennat.
L’opinion domestique pleure-t-elle trop de soldats ? Lesdits dispositifs seront « moins exposés » tout autant que « moins posés ». Les Africains jugent-ils l’Élysée hautain ? Emmanuel Macron veut bâtir une « intimité plus forte avec les armées africaines », le tout dans une combinaison inédite d’actions diplomatiques, militaires et de développement de la France sur le continent.
Le budget des Armées va certes augmenter en 2022, mais les dépenses en Afrique ne suivront pas automatiquement la croissance globale. Et pas seulement parce que tel ou tel putschiste boude. Avec la crise ukrainienne, le président français rappelle que « les conflictualités s’intensifient ».
Il reste à déployer ce « nouveau » discours français sur le continent africain. Si Emmanuel Macron semble éviter le sol sahélien, il est annoncé, le 27 juillet, dans un Bénin de plus en plus confronté à la contagion jihadiste. Quant au « francophile » Niger, il reçoit Sébastien Lecornu, le nouveau ministre français des Armées, et son homologue des Affaires étrangères Catherine Colonna.
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