Ariel Sharon, le mort-vivant

Plongé dans le coma depuis son accident cérébral en 2006, l’ancien Premier ministre vient de subir une intervention chirurgicale à l’estomac. Objectif : continuer à le nourrir grâce à une sonde.

Installation de l’artiste israëlien Noam Braslavsky, représentant l’ex-champion de la droite. © Levine/Sipa

Installation de l’artiste israëlien Noam Braslavsky, représentant l’ex-champion de la droite. © Levine/Sipa

perez

Publié le 10 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

L’opération, prévue de longue date, a duré quatre-vingt-dix minutes et s’est déroulée sans encombre. Le 3 septembre, c’est en ces termes laconiques que la direction de l’hôpital Tel Hashomer, dans la banlieue de Tel-Aviv, a rendu compte de la gastrostomie pratiquée sur son plus célèbre patient : Ariel Sharon. Par voix nasale, les médecins ont introduit dans son tube digestif une sonde permettant d’instiller des liquides nutritifs essentiels à sa survie. L’ancien Premier ministre israélien, naguère obèse mais dont le poids avoisinerait aujourd’hui les 50 kg, a ensuite été placé quelques heures en soins intensifs, avant d’être ramené dans sa chambre, dans le service de réhabilitation respiratoire.

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Sept ans et demi après avoir été victime d’un accident vasculaire cérébral foudroyant, "Arik" Sharon, 85 ans, se trouve toujours dans le coma même si les spécialistes préfèrent parler d’"état de conscience minimal". "Le patient est, dans une certaine mesure, "enfermé" : il comprend et répond avec son cerveau, mais ne peut activer ses muscles. Cependant, les chances de le sortir de son lit sont très minces", expliquait fin janvier le professeur Alon Friedman, neurologue à l’hôpital Soroka de Beer Sheva, après avoir procédé à une série d’examens au scanner.

Bien qu’en principe les rabbins s’opposent à l’euthanasie, le maintien en vie de l’ancienne figure de la droite nationaliste n’est pas lié à des motifs religieux. Il résulte de la volonté de ses deux fils, intimement convaincus que son état n’est pas irréversible. Dans une biographie consacrée à son père – parue en 2011 – Gilad, le cadet, évoque "une décision instinctive et dictée par l’amour filial qui, par la suite, s’est révélée médicalement justifiée". Il poursuit : "Quand il est éveillé, il me regarde et, à ma demande, il bouge les doigts… Je suis certain qu’il m’entend."

Une mise en place lourde et coûteuse

Cet acharnement thérapeutique qui dépasse de loin celui qui maintint artificiellement en vie d’autres dirigeants (du Yougoslave Tito à l’Algérien Boumédiène en passant par l’Espagnol Franco) coûte près de 300 000 euros par an, dont la moitié est prise en charge par le gouvernement israélien. Il nécessite en outre le déploiement permanent d’agents de sécurité du Shabak, chargés de veiller à l’entrée de la chambre comme devant un mausolée. Un dispositif lourd, complété par des caméras de surveillance, que l’entourage de Sharon a finalement renoncé à mettre en place dans le ranch des Sycomores, la résidence familiale située en plein désert du Néguev. À l’hôpital Tel Hashomer, une myriade d’infirmières, de médecins, ainsi que les proches d’"Arik", tous acteurs de ce huis clos tragique, continuent de se relayer jour et nuit à son chevet. Pour combien de temps encore ?

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