Louez un conjoint !

Fouad Laroui © DR

Publié le 12 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

L’un des rares inconvénients de la vie des célibataires, c’est que lesdits célibataires n’ont personne à engueuler (passez-moi l’expression), le soir, en rentrant chez eux. Vous objectez : "Il y a le chat." Certes, mais le chat s’en moque, au fond. Ayant eu jusqu’à cinq matous en même temps, dans ma jeunesse folle, je puis témoigner qu’il n’y a pas animal plus indifférent à ce qu’on lui dit, du moment que son écuelle est pleine et la maison bien chauffée. Vous avez déjà crié après un chat ? Essayez. Rien n’est plus frustrant ! Il vous fixe de ses yeux semés de paillettes d’or et ne bouge pas. L’un des miens bâillait même pendant l’orage. Un autre se faisait les ongles. Ça ne soulage pas, passer ses nerfs sur un félin.

Donc le célibataire de Lagos, Paris ou Sfax revient chez lui après une journée faite de petites misères, de vexations et de contretemps. Sur qui se venger, en l’absence d’un conjoint ? On a éliminé le chat, le chien, le hamster – ne parlons même pas du canari. La télé ? Mouais… Le type qui présente les infos de 20 heures est sans doute l’homme le plus insulté du monde mais ce n’est pas vraiment gratifiant – imperturbable, il continuera d’annoncer le divorce de Johnny et cent mille morts au Bangladesh.

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C’est là qu’entre en scène mon ami Pieter van der K. Ce jeune homme avenant, qui habite la bonne ville de Leyde et qui est célibataire lui-même, vient de créer une petite société nommée Rent-a-Partner, c’est-à-dire "Louez un partenaire" dans la langue de Senghor. Attention ! Il ne s’agit pas de call-girls, encore moins de gigolos. Au contraire : vous payez pour passer la soirée avec une matrone genre soudeuse de choc de l’époque de Brejnev ou (pour les dames) avec un type genre gros dégueulasse de Reiser ou poivrot du Poitou. Et là, vous pouvez y aller ! On se défoule ! Chauffe, Marcel, chauffe ! Vous pouvez râler tout votre soûl, conspuer le gouvernement et la matrone réunis, insulter la pluie et le poivrot (c’est de sa faute), imputer toutes vos misères à votre partenaire d’un soir – qui, contrairement au chat, marque le coup, encaisse, se défend maladroitement, bégaie, essaie de rétablir une vérité, ce qui ne fait qu’attiser votre colère. Ah, elle est belle, ta tronche ! La vilaine ! Oh, le hideux ! Une seule limite : on ne touche pas. On n’assomme la matrone ni ne malmène le poivrot. Ni claque, ni coup d’boule zidanesque, ni dérouillage général. Peu importe : une demi-heure de ce régime vous rassérène complètement, paraît-il. Et vous pouvez aller au lit, la paix dans le coeur, pendant que votre partenaire d’un soir s’éclipse (sans emporter l’argenterie, espérons-le). Faites de beaux rêves !

Cela dit, soyons clairs : Rent-a-Partner vient juste de voir le jour. Pieter ne sait pas encore si ce sera un succès ou bien, comme 90 % des start-up, un échec retentissant. Je vous tiendrai au courant…

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