Cameroun : Joel Embiid, nouveau cas de pillage de l’Afrique sportive ?
À 28 ans, la superstar camerounaise de la NBA vient d’obtenir la nationalité française. Un choix très commenté, de part et d’autre de la Méditerranée.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 17 juillet 2022 Lecture : 2 minutes.
La naturalisation française de Joël Embiid « est triste pour le continent africain ». En tenant ces propos sur le site du quotidien sportif L’Équipe, l’ancien basketteur Sacha Giffa n’oublie pas ses 52 sélections en équipe de France et son poste d’assistant sur le banc des Metropolitans 92 de Levallois-Perret. Mais c’est en tant que sélectionneur de l’équipe de basket du Cameroun qu’il commente la remise d’un passeport français à une pépite africaine.
S’il affirme ne pas avoir totalement perdu espoir de voir un jour Joel Embiid – le « meilleur joueur » camerounais – évoluer avec la sélection qu’il entraîne, il se doute que le pivot de l’équipe américaine des Philadelphia Sixers pourrait céder aux éventuelles avances de sa nouvelle équipe nationale.
Bientôt les JO ?
C’est à la suite de démarches administratives qu’il avait récemment révélé avoir entamées et d’un décret, publié le 4 juillet dans le Journal officiel français, que « EMBIID (Joël, Hans), né le 16/03/1994 à Yaoundé (Cameroun) » est cité parmi les « personnes qui sont naturalisées Françaises, réintégrées dans la nationalité française et saisies par l’effet collectif attaché à l’acquisition de la nationalité française par leurs parents ».
La carrière du désormais Franco-Camerounais parlant pour lui, cette naturalisation ouvre la voie à une possible sélection française aux Jeux olympiques 2024, qui se tiendront d’ailleurs à Paris. Dès 2016, le basketteur avait approché la Fédération française de basket-ball.
Meilleur marqueur de la dernière saison régulière avec une moyenne de 30,6 points par match, Embiid est l’un des joueurs-vedettes de la prestigieuse National Basketball Association (NBA) américaine, un graal que ne saurait avantageusement parachever qu’un titre olympique. Mais Boris Diaw, manager général des basketteurs Français, lui aussi ancien de la NBA et lui aussi riche de racines africaines – sénégalaises en l’occurrence –, indiquait, fin juin, qu’une naturalisation d’Embiid ne lui garantirait pas un accès direct à l’équipe de France.
En attendant, certains observateurs africains lisent dans cette naturalisation une démarche opportuniste de la part de le France. Si la planète football a été le théâtre d’un véritable pillage de l’Afrique – un pan du « viol économique et social » du continent, selon l’ancien patron de la FIFA Sepp Blatter –, les autres sports n’ont pas toujours été en reste en matière de démarches administratives cousues de fil blanc.
À la fin des années 1990, nombre d’Africains étaient, pour une fois, raccord avec les tenants de l’extrême-droite, quand ils s’émouvaient de la naturalisation de la Sierra-Léonaise Eunice Barber à l’âge de 24 ans : la championne du monde d’heptathlon et de saut en longueur parlait alors un français approximatif…
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