Corée du Nord : retour au pays pour les fugitifs

Promesses de clémence à l’appui, Pyongyang encourage ses transfuges à revenir au pays. Et certains se laissent convaincre.

Kim Jong-un en visite dans une champignonnière. © AFP

Kim Jong-un en visite dans une champignonnière. © AFP

Publié le 5 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

"Je me sens si seule ici ! J’ai décidé de rentrer chez moi, à Pyongyang : je sais que notre dirigeant nous accueillera les bras grands ouverts. L’erreur est humaine et notre général Kim Jong-un est magnanime." Pour Sung-in, 34 ans, arrivée à Séoul il y a six ans dans l’espoir d’une vie meilleure, la désillusion a été violente. En Corée du Sud, elle a trouvé de "l’indifférence ; pis encore, du mépris des gens qui la considèrent comme une vulgaire plouc". Sa cité-dortoir, au sud de la capitale, est peuplée de Nord-Coréens qui "ont recréé la société du Nord, avec des petits chefs et des rivalités".

Alors quand sa tante, cet été, a appelé une cousine en Mandchourie pour lui annoncer que désormais les transfuges retournant au pays seraient bien accueillis, voire aidés financièrement, Sung-in n’a pas hésité. D’ailleurs, elle a vu les vidéos diffusées par la chaîne nationale nord-coréenne depuis novembre : un couple d’abord, puis un groupe de jeunes gens, détendus, racontant un accueil chaleureux à leur retour à Pyongyang. Au début, elle a craint une mise en scène, mais les mois ont passé et les témoignages le confirment : Kim Jong-un semble avoir décidé que la clémence valait mieux que les menaces ou les punitions. S’il a renforcé le contrôle de la frontière entre la Corée du Nord et la Chine, réduisant d’au moins 15 % le flot de fugitifs au premier trimestre 2013, il a aussi levé le tabou entourant les défections.

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Aujourd’hui, les Nord-Coréens n’intéressent plus

Sung-in est l’une des 24 000 Nord-Coréens de Corée du Sud. Souvent arrivés après un périple dangereux à travers la Chine, la Mongolie ou l’Asie du Sud-Est, ils étaient hier encore accueillis comme des héros. Aujourd’hui, ils n’intéressent plus. Et leur vie est rude en dépit des aides du gouvernement. "Seuls ceux qui vivent une success-story tirent leur épingle du jeu ! explique Hee-jae, éducatrice à l’institut Hanawon, chargé de l’insertion des Nord-Coréens au Sud. Comme Kim Ha-na, cette jeune fille qui, il y a quelques années, mendiait en Corée du Nord et qui s’est hissée parmi les six finalistes de [l’émission] Masterchef Korea."

À ce jour, on ignore le nombre de retours volontaires au Nord, mais selon une organisation humanitaire basée à Séoul, ils seraient déjà plusieurs dizaines à avoir choisi le retour plutôt qu’"une vie sans profondeur en Corée du Sud", selon les mots de Sung-in…

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