Dubaï ou le royaume de la démesure

Dubaï surprend même le voyageur qui la visite régulièrement. Plongée au coeur d’une ville à nulle autre pareille.

Vue du Dubaï du haut de Burj Khalifa, le building le plus haut du monde. © URSULA DUREN/AFP

Vue du Dubaï du haut de Burj Khalifa, le building le plus haut du monde. © URSULA DUREN/AFP

Publié le 9 septembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Un cinquième séjour à Dubaï m’a permis de prendre la mesure de la métamorphose de la ville, devenue une quasi-mégapole. De jour en jour, cet émirat caméléon ne cesse de changer de visage, subissant un lifting continu telle une starlette à la conquête de Hollywood. Voici la tour dite Burj Khalifa, qui tutoie les cimes : c’est le gratte-ciel le plus haut du monde (828 mètres), soit deux fois et demie la tour Eiffel, où Giorgio Armani s’est taillé la part du lion avec ses boutiques, ses appartements (griffés) et son hôtel cinq étoiles aux tarifs exorbitants. Tout comme les Kenzo, Hermès, Versace, etc. Ce building pourrait pourtant être bientôt dépassé par Sky City One, construite en Chine par le milliardaire Zhang Yue.

Au pied de la tour, à partir de 19 heures, une fontaine musicale géante offre un spectacle gratuit et hallucinant fait d’eau, de lumière et de musique. On peut y accéder par le (nouveau) métro ultramoderne, dont le réseau se compose de deux lignes. Automatisé à la japonaise, propre comme un miroir chinois, il dessert toute la ville, de Jebel Ali jusqu’à l’aéroport en passant par tous les points névralgiques. Y boire ou y manger vous coûtera une amende de 100 dirhams (20 euros). Y fumer une clope, 200 DH. Aux heures de pointe, pour éviter les "corps à corps", des rames sont réservées aux femmes sous l’oeil vigilant de policiers qui veillent au grain. Le métro est géré par le jeune prince Hamdan Al Maktoum, frère de la belle Meriem, cavalière émérite qui organise chaque année le Festival international d’équitation sous le regard d’aigle de son père, l’émir de Dubaï.

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Tous ces princes, voire certains roturiers de l’émirat, mènent grand train : palaces, bijoux, bolides rutilants dont le coût pourrait couvrir les besoins en nourriture du Yémen et du Niger réunis. Tout est démesuré dans cette ville en quête permanente de superlatifs. À titre d’exemple, le Dubai Mall, plus grand centre commercial de la planète, et son aquarium géant, le plus vaste au monde, qui abrite 300 requins (dont 30 requins taureaux) et une faune de 33 000 animaux marins ! Autre record : d’après le Global Property Guide, Dubaï est le premier marché immobilier (d’habitations) au monde.

L’aquarium du centre commercial Dubaï Mall, abritant des milliers d’espèces. © STEFAN PUCHNER / AFP

Avec 39 millions de personnes transportées à travers le globe, Emirates Airlines annonce, de son côté, pour l’exercice écoulé, des bénéfices de l’ordre de 2,3 milliards de dirhams. Quand cette compagnie, chère aux Maktoum (famille régnante), est née, en 1985, sa flotte ne comptait que deux avions utilisés en leasing. Que de chemin parcouru !

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Dire de Dubaï que c’est une ville arabe, c’est se tromper d’adresse. On n’y entend guère parler arabe mais bengali, indu, anglais en raison de la présence massive d’ouvriers venus de Bombay, Lahore, Manille, Sanaa ou Kuala Lumpur. Ils s’y accrochent malgré des conditions de vie déplorables, parfois inhumaines. Les tours et les palaces de Dubaï, ils les ont construits presque à la force du poignet par un taux d’humidité unique au monde et sous un soleil de plomb. Ici, c’est la fournaise continue. Et pour y échapper, le touriste doit se terrer dans sa chambre d’hôtel jusqu’à 18 heures. Accomplir de longues distances à pied relève de la gageure.

Les avenues sont larges, rectilignes et très propres. Çà et jaillissent des jets d’eau, des fontaines, des plans d’eau. Jardins avec bancs publics et plantes aromatiques embellissent cette ville aux allures à la fois de Singapour et de Miami. Tel Monaco, Dubaï est entièrement surveillé par des caméras de sécurité. Seule ombre à la carte postale, la présence envahissante et permanente de grues et de bulldozers, rançon d’un émirat en éternel chantier.

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