Les chiens de garde des droits de l’Homme
Trois organisations majeures occupent le même créneau que HRW. Mais leur influence est sans commune mesure.
"La concurrence m’a tué", pourrait se lamenter Amnesty International. L’organisation fondée en 1961, Prix Nobel de la paix en 1977, ne fait plus trembler les satrapies. Alors qu’Amnesty a longtemps été seule à défendre les droits de l’homme, elle est désormais devancée par Human Rights Watch (HRW). "Nos mandats sont proches, mais notre ton est parfois différent, nuance Jean-Marie Fardeau, de HRW. Car Amnesty et la FIDH ont une base militante à satisfaire." Chez Amnesty, les intitulés des rapports sont toujours tonitruants : "Côte d’Ivoire : la loi des vainqueurs", a-t-elle titré en 2013, reprenant la rhétorique des partisans de Laurent Gbagbo. Ces dernières années, plusieurs de ses publications ont été contestées par des gouvernements… et même par l’Organisation mondiale de la santé, qui s’est insurgée contre un rapport consacré au système de santé en Corée du Nord. Perte de crédibilité ? En élargissant ses missions (droits des femmes, droits économiques et sociaux…), Amnesty a marché sur les plates-bandes d’ONG parfois plus légitimes, à l’instar d’Oxfam. En interne, "Amnesty est encline à des conflits entre bénévoles et salariés et entre salariés eux-mêmes", écrit Marc Girot, un ancien bénévole, dans Amnesty International. Enquête sur une ONG génétiquement modifiée (2011). La direction de l’organisation a aussi son lot de scandales. La presse a révélé les dessous du licenciement de l’ex-secrétaire générale, Irène Khan, et de son adjointe, Kate Gilmore, contre des chèques respectifs de 590 000 et 365 000 euros. Indignés, les bénévoles qui vendent des bougies à 1 euro pour financer l’association ont aussi appris par les journaux que l’argent péniblement collecté sert notamment à payer les 225 000 euros de salaire annuel de Salil Shetty, le successeur d’Irène Khan.
Amnesty International : Crise d’identité
Secrétaire général : Salil Shetty (Indien)
Fondée en 1961
Siège : Londres
Budget : 58,5 MEUR (2011)
La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), qui travaille au diapason de son réseau regroupant 178 associations locales, n’a pas les mêmes problèmes d’identité qu’Amnesty. Combative, elle multiplie les actions judiciaires pour défendre droits et libertés individuelles. Séduisante, elle soigne sa forte présence médiatique et met en oeuvre un lobbying efficace auprès des politiques. En août 2012, le Sénégalais Sidiki Kaba, président d’honneur de la FIDH, et la Tunisienne Souhayr Belhassen, alors présidente de la fédération, se sont entretenus avec le chef de l’État français, François Hollande, notamment sur le cas de Hissène Habré, dont le procès est imminent. "Notre force est que nous ne sommes pas centralisés comme Human Rights Watch et Amnesty", assure Arthur Manet, attaché de presse de la FIDH.
FIDH : Un réseau de combat
Président : Karim Lahidji (Iranien)
Fondée en 1922
Siège : Paris
Budget : 5,5 MEUR (2012)
Cette organisation se veut de plain-pied dans son époque. Créé en 1995, International Crisis Group (ICG) a pour ambition d’être les yeux, les oreilles et la conscience de la communauté internationale. Cette ONG, au sein de laquelle travaillent plusieurs anciens hauts dirigeants et un Prix Nobel de la paix – le Finlandais Martti Ahtisaari, président émérite -, se positionne clairement comme un partenaire des gouvernements. Elle dispose de son propre réseau d’analystes et de chercheurs, mais n’hésite pas à collaborer avec d’autres ONG. "Nous sommes de grands consommateurs d’informations, mais nous restons indépendants les uns des autres", explique Gilles Yabi, directeur pour l’Afrique de l’Ouest. ICG produit chaque année près de 90 rapports-pays conçus comme des alertes, parfois dérangeantes mais généralement mesurées. Le coup de poing ne fait plus recette.
ICG : Partenaire particulier
Présidente : Louise Arbour (Canadienne)
Fondé en 1995
Siège : Bruxelles
Budget : 15,5 MEUR (2012)
HRW
Directeur exécutif : Kenneth Roth (Américain)
Fondée en 1978
Siège : New York
Budget : 50 MEUR (2012)
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