Francophonie : les Jeux de tous les records

Avec 55 délégations et 3 000 artistes et sportifs attendus à Nice, du 7 au 15 septembre, cette VIIe édition sera la plus importante depuis la création de l’événement.

Les ivoiriens Magic System se produiront lors de la cérémonie d’ouverture. © Bruno Bebert/Sipa

Les ivoiriens Magic System se produiront lors de la cérémonie d’ouverture. © Bruno Bebert/Sipa

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 6 septembre 2013 Lecture : 5 minutes.

D’après les organisateurs, ce seront les plus grands Jeux de la Francophonie depuis la création de l’événement, en 1989. Pour cette VIIe édition, 55 délégations (un record) sont attendues à Nice (sud-est de la France). Plus de 9 000 personnes ont été accréditées, dont 3 000 athlètes et artistes, l’événement accueillant à la fois des épreuves sportives et culturelles.

Si le budget des Jeux reste modeste (10 millions d’euros en principe) afin que ceux-ci puissent être régulièrement organisés par des pays du Sud, cette édition bénéficiera de meilleures infrastructures et d’une logistique beaucoup plus simple que les deux précédentes. À Niamey, en 2005, l’événement avait été organisé en pleine période de sécheresse, tandis que Beyrouth, qui a accueilli les Jeux de 2009, se remettait à peine du conflit israélo-libanais, trois ans plus tôt.

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La lutte africaine figurera pour la première fois parmi les sept disciplines sportives en compétition officielle ; autre nouveauté, le cyclisme sur route, une épreuve en animation proposée par la ville de Nice, qui a accueilli cette année une étape du Tour de France. Côté culturel, plusieurs "arts de la rue" (dont le hip-hop et la jonglerie) font leur apparition.

Le maire de Nice, Christian Estrosi, espère faire de ces Jeux un événement d’ampleur internationale. La couverture médiatique, annoncée comme exceptionnelle – notamment parce que les images des compétitions seront fournies gratuitement à toutes les chaînes intéressées -, devrait aller dans ce sens. Avec un concert rassemblant plusieurs personnalités, comme le Camerounais Manu Dibango et les Ivoiriens de Magic System, la municipalité espère attirer quelque 80 000 personnes lors de la cérémonie d’ouverture. Un objectif sans doute très ambitieux, reconnaissent certains organisateurs.

D’autant que tous les intervenants n’ont pas oublié les propos du maire de Nice, très proche de l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui avait estimé, en juillet, qu’islam et démocratie n’étaient "pas compatibles". "Ce sont ses déclarations qui ne sont pas compatibles avec la République", rétorque ainsi la ministre de la Francophonie, Yamina Benguigui, qui sera présente à la tribune.

L’événement sera en effet également politique, puisque cinq chefs d’État y sont attendus, ainsi qu’une cinquantaine de ministres. Le président français, François Hollande, devrait être présent, de même que son homologue ivoirien, Alassane Ouattara. Ce dernier est d’ailleurs attendu à la cérémonie de clôture, le 15 septembre, pour un passage de témoin puisque Abidjan accueillera la prochaine édition, en 2017. Macky Sall, le président sénégalais, hôte du sommet de la Francophonie l’année prochaine (à Dakar), devrait également être de la partie, de même que Michel Sleimane, le président du Liban, qui avait accueilli les Jeux de 2009.

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Pas de suspension prévue

Bien que le Mali soit encore officiellement suspendu des instances de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) – depuis le coup d’État du désormais général Amadou Haya Sanogo -, il sera représenté, probablement par la première dame, Aminata Maïga Keïta. "On sait très bien pour quelles raisons le pays avait été sanctionné, explique le Nigérien Mahaman-Lawan Sériba, directeur du comité international des Jeux de la francophonie. Or ces raisons ne sont plus d’actualité depuis la bonne tenue des dernières élections."

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Au-delà du cas malien, la suspension des États membres qui avait été strictement observée lors des Jeux de 2009 (les athlètes malgaches n’avaient pas pu y prendre part) ne le sera pas cette année. Ainsi, bien qu’Antananarivo n’ait pas réintégré les instances de l’OIF et que la crise politique s’y poursuive, Madagascar enverra une délégation, dirigée par un ministre. Il en ira de même pour les deux autres pays toujours suspendus : la Centrafrique et la Guinée-Bissau. "Les Jeux de la Francophonie se préparent quatre ans à l’avance, se justifie Mahaman-Lawan Sériba. Nous avions donc commencé à travailler avec les sportifs de ces pays, car, à l’époque, on pouvait espérer qu’ils soient réintégrés à temps. Cela n’a finalement pas été le cas, mais nous n’avons pas voulu tout annuler au dernier moment. Cela aurait pénalisé la jeunesse qui n’y est pour rien." L’OIF espère en effet que ces Jeux seront un tremplin pour une nouvelle génération de sportifs francophones et souhaite que les 600 futurs médaillés bénéficient d’un accompagnement particulier de la part de leur gouvernement, afin qu’ils se préparent à leurs prochaines échéances dans les meilleures conditions.

"Ces Jeux, c’est un peu le sommet de la jeunesse francophone, ajoute Yamina Benguigui. Et cette année, au Mali, tout comme en Centrafrique, en Tunisie ou en Égypte, cette jeunesse a beaucoup souffert. Nous allons faire en sorte qu’elle puisse s’exprimer et dialoguer à cette occasion."

À vos agendas :

Samedi 7 septembre, à partir de 19 h * Cérémonie d’ouverture, à Nice, en présence de cinq chefs d’État

Du 10 au 15 septembre Épreuves d’athlétisme

Samedi 14 septembre, de 10 h à 20 h * Finale du tournoi de lutte africaine

Dimanche 15 septembre, à 15 h * Finale du tournoi de football, suivie de la cérémonie de clôture

(* GMT)   

Le football et l’athlétisme en vedette

Ce ne sont pas les Jeux olympiques, mais il y aura de quoi varier les plaisirs. Avec ses sept disciplines – huit si on ajoute le cyclisme sur route, proposé en animation -,le programme sportif des Jeux de la Francophonie est suffisamment vaste pour satisfaire un large éventail de spectateurs. La plupart d’entre elles (athlétisme, athlétisme handisport, judo, tennis de table, lutte africaine et lutte libre) seront pratiquées autant par les femmes que par les hommes, âgés de 18 ans à 35 ans, puisque seuls le basket et le football bénéficieront d’un traitement particulier (disciplines réservées aux femmes pour la première et aux hommes pour la seconde). Plusieurs sites de la préfecture des Alpes-Maritimes accueilleront les compétitions. L’athlétisme, avec ses épreuves traditionnelles (course sur piste et sur route, saut, lancer, combinés) concentrera une partie de l’attention. Grande première dans l’histoire de ces jeux, le sport roi de l’olympisme sera aussi présent à travers des épreuves handisport. Bien évidemment, le football, réservé aux moins de 20 ans, sera également l’une des disciplines phares. D’abord parce qu’il est le sport le plus populaire du monde, et accessoirement d’Afrique. Ensuite – heureuse coïncidence – en raison de la présence massive de sélections du continent. Deux groupes, le A (RD Congo, Niger, Cap-Vert, Côte d’Ivoire) et le C (Cameroun, Maroc, Tchad et Burkina Faso) seront d’ailleurs 100 % africains, les autres équipes (Congo, Rwanda, Gabon, Sénégal) étant éparpillées dans les poules B et D.

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