Insécurité alimentaire : où sont passés les « souverainistes africains » ?
L’inefficacité des réponses aux précédentes crises alimentaires qui ont frappé le continent invite à la prudence, alors que se prolongent le conflit en Ukraine et ses effets sur les marchés internationaux.
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Une Somalienne marche à travers un camp de déplacés près de Qhardho, une ville de la région de Bari dans le nord-est de la Somalie, frappée par la famine, en mars 2017. © Ben Curtis/AP/SIPA
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Joël Té-Léssia Assoko
Joël Té-Léssia Assoko est journaliste spécialisé en économie et finance à Jeune Afrique.
Publié le 8 août 2022 Lecture : 3 minutes.
Il y a quarante ans, Amartya Sen a tiré un ouvrage magistral d’une question obscène : comment peut-on mourir de faim ? Dans Pauvreté et famines (1981), l’économiste indien bat en brèche la thèse du déclin de la disponibilité de nourriture (food availability decline). « La famine éthiopienne s’est déroulée sans réduction anormale de la production alimentaire, et la consommation de nourriture par tête au plus fort de la famine, en 1973, était relativement normale pour l’ensemble de l’Éthiopie », écrit le futur Prix Nobel d’économie (1998).
Entre 50 000 et 200 000 personnes ont perdu la vie alors que la baisse de la production alimentaire n’avait pas dépassé 7%. À la suite illogique sécheresse-pénurie alimentaire-famine, l’économiste substitue « l’approche des droits d’accès » (entitlement approach). Comme le résumait à l’époque le New York Times, plutôt qu’un manque de biens alimentaires, « c’est l’effondrement du système économique et du pouvoir d’achat des populations qui est la cause des famines ». D’où une « distribution inégale de la famine » entre différents groupes sociaux (éleveurs, ouvriers agricoles, petits propriétaires, artisans…).
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