RDC : après la dent de Lumumba, rapatrier la dépouille de Mobutu ?

Des députés viennent d’enclencher des démarches politiques pour obtenir le retour du corps de l’ancien président du Zaïre, le maréchal Mobutu Sese Seko, dont le corps repose au Maroc.

© Damien Glez

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Publié le 19 juillet 2022 Lecture : 2 minutes.

En cette ère d’invocation tous azimuts des anciennes figures africaines, vivantes ou décédées, chacun choisit son icône. En République démocratique du Congo (RDC), c’est en grande pompe que les lumumbistes ont accueilli, en juin dernier, la relique dentaire de Patrice Émery Lumumba. En mai 2019, cinq mois après l’investiture du président Félix Tshisekedi, c’est la dépouille de son père, l’ancien Premier ministre Étienne Tshisekedi, qui revenait d’un funérarium belge.

« Jamais deux sans trois », semble dire un caucus de députés qui s’est réuni à Kinshasa, le 15 juillet dernier, pour mettre au point des démarches « institutionnalisées » visant à inciter le pouvoir en place à rapatrier Mobutu Sese Seko. C’est après trente-deux ans à la tête du Zaïre que le maréchal-président avait dû s’exiler au Maroc, en 1997, sous les coups de boutoir des troupes de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) emmenées par Laurent-Désiré Kabila. Il sera inhumé au royaume chérifien, trois mois après sa fuite.

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Suite à des « concertations nationales »

Pour les députés favorables au retour de sa dépouille, « ce que Mobutu a fait pour ce pays […] n’est pas, jusque-là, égalé ». Ils en veulent pour preuve la situation sécuritaire de l’Est de la RDC, évoquant l’opiniâtreté du maréchal à lutter, par le culte patriotique, contre toute forme de balkanisation. Et le député Willy Bolio Emina de souligner que Mobutu n’avait pas connu de guerre plus longue que quatre-vingts jours. Le collectif d’élus doit saisir le président de l’Assemblée nationale pour que celui-ci atteigne le président de la République…

Si le sujet n’est pas régulièrement évoqué, aucun des successeurs vivants de Mobutu ne s’est déclaré opposé à cette hypothèse. En 2013, devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, Joseph Kabila annonçait que, suite à des « concertations nationales », des dispositions allaient être prises « afin de procéder au rapatriement de la dépouille mortelle de l’ancien président […] Mobutu Sese Seko ». Félix Tshisekedi aurait embouché la même trompette en 2019.

Par contre, si l’on évoque régulièrement l’émergence d’une nostalgie du temps où, dans la mémoire collective, « il y avait à boire et à manger », les réseaux sociaux ne voient guère, dans le rapatriement de la dépouille du maréchal à toque de léopard, une priorité du moment. Le twittos « James Kalaghan » se demande si les élus du peuple « n’ont vraiment rien d’autre à faire », tandis que « IrAgi LAndry CigAngu » devine une « autre urgence pour décaisser des millions ». Certains, comme « dido ndoko », reconnaissent tout de même le « droit légitime » de l’ancien président zaïrois d’être « enterré dans le sol de ses ancêtres ».

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