Idées simples sur l’Orient compliqué

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 2 septembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Ce sera peut-être chose faite quand vous les lirez, mais à l’heure où ces lignes sont écrites aucun Tomahawk "chirurgical" n’était encore venu s’abattre sur la Syrie dans le cadre d’une opération "limitée" et de type "intermédiaire" (que de précautions sémantiques pour qualifier des frappes dont l’effet de sidération sur le régime de Damas s’annonce quasi nul !). Le pot au noir qui précède la bataille est donc propice à quelques éclaircissements. Question : à la lumière des crises égyptienne et syrienne, qui est avec qui et contre qui au Moyen-Orient ? Réponse : un Rubik’s cube diabolique à sept algorithmes. Suivez le guide.

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L’Iran soutient à la fois Bachar al-Assad et Mohamed Morsi, le président Frère musulman renversé. Mais Assad, engagé dans une lutte à mort contre des rebelles islamistes, a déclaré sa flamme au général Sissi, le tombeur de Morsi. Tout comme Israël, avec qui la Syrie est pourtant formellement en état de guerre depuis… soixante-cinq ans.

Obama est contre Assad et a longtemps été soupçonné d’être tacitement pro-Morsi. Il est donc avec Israël dans le premier cas et avec l’Iran et le Hamas (donc contre Israël), dans le second.

La Turquie d’Erdogan est anti-Assad et pro-Morsi. Elle est donc à la fois dans le camp d’Israël et dans le camp opposé.

L’Arabie saoudite combat Assad mais, à l’instar de ce dernier, soutient Sissi.

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Le Qatar est anti-Sissi et anti-Assad : enfin une goutte de logique dans cet inextricable moucharabieh !

Mais le meilleur, si l’on peut dire, est à venir. En bombardant le régime syrien, les États-Unis vont se retrouver dans la même tranchée… qu’Al-Qaïda. Il n’est pas inimaginable que les jihadistes de la Jabhat al-Nosra fournissent cibles et renseignements de terrain aux destroyers lance-missiles de la Ve flotte américaine. Ni inenvisageable que des portraits brandis de Ben Laden et de Zawahiri viennent saluer chaque coup au but de la coalition croisée. Il ne manquerait plus, en somme, que l’opération "punir Assad" se prolonge jusqu’au 11 septembre 2013, histoire de marquer dignement un certain douzième anniversaire. Comme l’écrivait il y a peu un lecteur arabe du Financial Times, manifestement perdu dans ce labyrinthe : "Bienvenue au Moyen-Orient !"

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