Nigeria : fin de l’épreuve judiciaire pour Eni et Shell
Accusés d’avoir versé des pots-de-vin de 1 milliard de dollars pour l’acquisition du bloc offshore OPL 245, les pétroliers européens viennent d’être définitivement relaxés par la justice italienne.
C’est la fin d’un procès fleuve, durant lequel Paolo Scaroni, PDG du groupe italien Eni au moment des faits, et son successeur, Claudio Descalzi, à la tête du pétrolier depuis 2014, ont été condamnés, en juillet 2020, à une peine de huit ans de prison par le parquet de Milan. L’ex-directeur général de la division Exploration et Production de Shell, Malcolm Brinded encourait, quant à lui, sept ans et quatre mois de prison.
« Faute de preuves suffisantes », la cour d’appel de Milan a décidé de retirer l’appel qu’elle avait interjeté, il y a un an jour pour jour, contre Eni et Shell, dans le cadre d’une vaste affaire de corruption au Nigeria. La justice italienne soupçonnait les deux majors d’avoir alloué illégalement 1,092 milliard de dollars sur les 1,3 milliard de dollars investis pour se voir attribuer de manière « frauduleuse » le droit d’exploiter le bloc pétrolier offshore OPL 245.
Les 15 prévenus de cette affaire avaient été acquittés en première instance, en mars 2021, avant que le procureur adjoint Fabio De Pasquale ne décide de faire appel de la décision, prolongeant ainsi le suspense autour de cette saga judiciaire. « Après plus de huit ans d’enquêtes et de procédures judiciaires coûteuses ayant nui à l’image et à la réputation de la compagnie […], Eni et ses dirigeants sont définitivement acquittés », se réjouit le pétrolier italien qui, tout comme Shell, contestait fermement toute tentative de malversation.
Malabu
Au cœur de cette gigantesque affaire de mauvaise gouvernance pétrolière au Nigeria, Dan Etete, ex-ministre nigérian du Pétrole (1995-2007) et premier bénéficiaire du deal litigieux, lui aussi blanchi des accusations de corruption par la justice italienne. À la tête de Malabu Oil & Gas, l’ex-ministre était accusé de s’être auto-attribué secrètement, en 1998, le bloc offshore OPL 245, l’un des gisements pétrolifères les plus riches du continent avec une capacité évaluée à près de 9 milliards de barils de brut. Alors qu’aucune activité n’a été signalée sur ce champ entre 1998 et 2010, la société s’est mise en affaires avec Eni et Shell via plusieurs intermédiaires dont le Russe Ednan Agaev, le Nigérian Emeka Obi et l’Italien Gianluca Di Nardo, chargés de faciliter les échanges entre Dan Etete et les deux majors.
Au-delà des deux groupes pétroliers, JP Morgan a également été impliquée dans cette affaire après avoir accepté de transférer les fonds vers le compte de Malabu. Après un bras de fer devant les tribunaux britanniques, en juin dernier, la Haute Cour de Londres a tranché : « JP Morgan n’a commis aucun manquement à ses obligations ». La demande de dédommagements à hauteur de 1,7 milliard de dollars réclamés par le Nigeria dans ce qui restera comme le plus grand scandale pétrolier du pays, a été classé sans suite. « Un énorme revers à la lutte contre la corruption », déplore l’organisation britannique Spotlight on Corruption.
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