Élections en RDC : Denis Kadima pourra-t-il remplir sa mission ?
La nomination de cet expert reconnu à la tête de la Commission électorale a été très controversée. Désormais en charge d’organiser les élections de 2023 dans les temps, il ne cesse d’alerter sur les risques de glissement. Le président de la Ceni joue gros.
À Kinshasa, poser la question du respect du délai électoral vous expose, ces derniers mois, à une grande variété de réponses. Il y a d’un côté les ultra-pessimistes, pour qui il faudrait dès maintenant acter le glissement et organiser les conditions d’un dialogue, afin d’atténuer les effets d’une crise politique qu’ils jugent inévitable. À l’opposé, les éternels optimistes vous diront que le non-respect du délai n’est pas une option et que les élections pourront se tenir dans les temps. « Vous verrez qu’elles auront même lieu avant décembre 2023 », s’emporte un intime du chef de l’État.
À mi-chemin se trouve Denis Kadima, président de la commission électorale nationale indépendante (Ceni). Neuf mois après sa prise de fonction, le chef d’orchestre du prochain scrutin maintient, à chacune de ses sorties en public, un optimisme prudent. S’il réaffirme dès qu’il le peut sa détermination à organiser un scrutin « crédible et transparent » en décembre 2023, il n’en multiplie pas moins les mises en garde et les alertes sur les risques, très concrets, de glissement du calendrier électoral.
Le risque de glissement
C’est sur cette ligne de crête ô combien périlleuse que ce technicien de 60 ans se trouve depuis l’officialisation de sa nomination à la tête de la Ceni. Plus habitué à la veste sans manche de l’expert électoral qu’au costume-cravate que lui imposent ses nouvelles fonctions, le discret Kadima se sait attendu au tournant. Désigné à l’issue d’un processus tumultueux, accusé par les deux principales confessions religieuses du pays d’être le candidat du pouvoir, ciblé par l’opposition, qui le considère d’ores et déjà comme partial dans l’organisation de ce scrutin, le président de la Ceni a bien compris que rien ne lui sera pardonné. « La population ne comprendra pas qu’il y ait un nouveau glissement », explique Denis Kadima à Jeune Afrique.
Ce contexte tendu justifie-t-il l’approche prudente qu’adopte Kadima depuis plusieurs mois ? Dès sa première prise de parole, le 3 février, il l’a clairement évoqué : énumérant un ensemble d’obstacles sécuritaires – avec deux provinces toujours sous état de siège –, financiers et politiques susceptibles « d’avoir une incidence sur le processus électoral », le patron de la Ceni s’est montré bien plus nuancé que le pouvoir sur ses chances de tenir les élections dans les délais.
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